Jeudi 2 octobre, à 19h, à la Maison de l'Amérique latine, Brice Couturier et Chloé Morin recevront Raphaël Enthoven pour son dernier ouvrage "L'Albatros" aux éditions de l'Observatoire.
C'est l'histoire d'un fils qui accompagne sa mère sur le chemin de croix d'une maladie incurable et invalidante. C'est l'histoire d'une pianiste dont la pathologie paralyse les mains, d'une écrivaine vouée à veiller sur les disparus, dont les souvenirs s'estompent à mesure qu'elle perd la tête, et qui, comme on envoie des chevaux contre des tanks, lutte par la musique et l'érudition contre une saloperie neuro-dégénérative. Mais c'est aussi l'histoire de la victoire posthume des mots sur la mort, et de tout ce qui, d'un livre à une mélodie, survit au désastre et nargue le malheur. Sous la figure d'une femme encombrée par ses ailes de géant mais qui, de retour à son bureau, tutoyait les cimes d'un vol de plume, "L'Albatros" raconte que tout ne disparaît pas quand le corps se décompose. Ce récit bouleversant est à la fois le journal de bord d'un naufrage et le conservatoire d'un talent disparu. Avec une tendresse infinie et une lucidité douloureuse, Raphaël Enthoven nous offre un texte poignant, où la descente aux enfers côtoie les retours en grâce.
Quand ? Jeudi 2 octobre à 19h00
Où ? Maison de l’Amérique latine
217 bd St Germain, 75007, Paris
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Devenue omniprésente dans le débat public, la notion de « responsabilité » se révèle aujourd’hui paradoxalement floue et diluée. Dans cette tribune, le sociologue Tarik Yildiz en analyse les racines, en souligne les parallèles avec la crise de l’« identité » et interroge le besoin de verticalité de nos sociétés.
Des débats autour du vote de confiance jusqu’aux discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement, rarement le mot « responsabilité » aura été autant invoqué dans le débat public que ces derniers mois. Alors que les gouvernements successifs et les oppositions se reprochent mutuellement d’en manquer, que révèle la fréquence d’usage d’une notion pourtant mal définie sur notre société ?
Une dilution de la responsabilité de plus en plus marquée
La surutilisation du concept de responsabilité révèle moins sa clarté que sa crise et une forme de dilution. Qu’est-ce que la responsabilité à l’heure d’un partage accru de cette dernière ? Les individus sont-ils véritablement moins responsables, ressentent-ils moins l’obligation de répondre de leurs actes et d’en assumer les conséquences ?
En 1968, deux psychologues sociaux de l’université de Columbia, John Darley et Bibb Latané, théorisèrent la dilution de la responsabilité à la suite d’une polémique née d’un fait divers : le 13 mars 1964, une jeune femme nommée Kitty Genovese fut sauvagement assassinée alors qu’elle rentrait chez elle à New York. Selon les journaux de l’époque, plusieurs dizaines de personnes furent témoins de l’agression, mais aucune n’intervint.
Abe Rosenthal, alors rédacteur en chef du New York Times, fustigea l’indifférence et la lâcheté des habitants des grandes villes. Darley et Latané apportèrent alors une réponse en formulant et testant une hypothèse : seuls face à une situation, en état de responsabilité non partagée, nous nous sentons davantage impliqués et agissons en conséquence. Quand d’autres personnes sont présentes, la responsabilité est « diluée » et nous déléguons instinctivement la responsabilité à autrui de manière plus ou moins consciente, convaincus qu’il sera plus apte à prendre la situation en main.
D’autres recherches, avec des résultats parfois contradictoires, ont été menées depuis. La logique sous-jacente semble cependant se diffuser avec vigueur dans notre société : la responsabilité est diluée, ce qui explique paradoxalement le fait que l’on fasse de plus en plus appel à elle sans que personne ne se sente totalement comptable.
Outre le débat public et le monde politique, la responsabilité est évoquée de plus en plus souvent dans le monde des entreprises ou dans le secteur public et associatif, parallèlement à la volonté de « davantage concerter ». Les deux phénomènes ne sont pas étrangers : la prise de décision, la responsabilité inhérente et la prise de risque associée sont diluées par l’ère du temps exigeant de l’« horizontalité » et impliquant de nombreuses parties prenantes pour chaque arbitrage.
De l’identité à la responsabilité
Le parallèle avec la généralisation de l’utilisation de la notion d’identité est troublant. Les deux concepts sont complexes et se réfèrent à des caractéristiques profondes de l’humain comme le suggérait Saint-Exupéry dans Terre des Hommes : « être homme, c’est précisément être responsable ». Tout comme l’emploi du substantif responsabilité, celui d’identité est apparu avec force il y a plus de 50 ans : une simple recherche dans les archives des journaux illustre l’utilisation tous azimuts d’un concept alors mal défini. A l’instar des procès en « irresponsabilité » beaucoup plus fréquents ces derniers mois, les expressions « crise d’identité », « identité culturelle », « recherche d’identité » fleurissent au cours des années 1970.
Constatant ce phénomène, Claude Lévi-Strauss dirigea un séminaire au Collège de France en 1974 afin de définir cette notion et de décrypter ce que sa diffusion révélait : dans une société du destin social, dans laquelle chacun avait un rôle figé désigné dès la naissance et prédéterminé par les origines familiales, la question de l’identité, de savoir « qui nous sommes » se posait moins.
A partir de la fin des années 1960, particulièrement dans le monde occidental, l’affirmation de la liberté individuelle rebat les cartes. L’individu est censé choisir son destin, pense faire ses choix. Ces choix multiples génèrent un questionnement plus fort et une anxiété associée qui sera évoquée par Alain Ehrenberg : comment me définir, suis-je la somme de mes choix, parfois contradictoires ?
Un besoin de verticalité
Que ce soit celui de l’identité ou celui de la responsabilité, l’omniprésence d’un concept dans les discours révèle certaines évolutions de la société dans laquelle nous vivons et un certain besoin de verticalité. Dans ce contexte, les idéologies les plus radicales – politiques comme religieuses – répondent à cette aspiration profonde de la société, identifiant clairement le responsable, que ce soit pour le suivre ou s’y opposer.
« La masse, comme telle, est toujours anonyme et irresponsable » écrivait Carl Gustav Jung dans L'Homme à la découverte de son âme : l’enjeu consiste aujourd’hui à répondre aux crises politiques et identitaires en réaffirmant la notion de responsabilité individuelle des gouvernants comme de l’ensemble des citoyens.
Tarik Yildiz, sociologue, auteur notamment de « De la fatigue d’être soi au prêt-à-croire » (Editions du Puits de Roulle).
Le premier Baromètre de la République, mené par IPSOS / CESI École d’ingénieurs pour le Laboratoire de la République auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 Français, révèle un paradoxe majeur : une forte adhésion des Français aux valeurs et principes républicains, mais la conviction que leur traduction dans la réalité reste insuffisante. Le Laboratoire de la République remercie l'AFER et l'Oréal pour leur soutien à la réalisation de cette étude.
L'étude en intégralité
Le Baromètre de la République 2025Télécharger
Synthèse du Baromètre de la République 2025
Un consensus autour des valeurs républicaines, mais des écarts dans la réalité vécue par les Français
Les Français expriment une adhésion quasi unanime aux valeurs cardinales de la devise républicaine :
Liberté : 95 % jugent la notion importante, dont 68 % « très importante ».
Égalité : 93 % jugent la notion importante, dont 55 % « très importante ».
Fraternité : 89 % jugent la notion importante, dont 46 % « très importante ».
Ce consensus traverse les sensibilités politiques. Cependant, la traduction de ces valeurs dans la vie quotidienne est jugée très insuffisante. Seuls 50 % des Français estiment que la liberté correspond bien à la situation actuelle dans la société française, 28 % pour l’égalité et 29 % pour la fraternité. Le décalage est particulièrement marqué pour l’égalité, cœur des attentes sociales.
Les principes constitutionnels : une identification forte, une compréhension limitée
Les qualificatifs de la République inscrits dans l’article premier de notre Constitution (laïque, démocratique, sociale et indivisible) sont considérés comme essentiels par plus de 85 % des répondants. Toutefois, la compréhension réelle de ces termes reste limitée : près d'un tiers des Français déclarent ne pas en maitriser le sens.
La laïcité est interprétée de manière plurielle : 34 % y voient la liberté de croire ou de ne pas croire, 26 % la séparation de l’État et des religions, et 26 % l’interdiction d’expression religieuse dans certains lieux publics. Ces perceptions varient fortement selon les familles politiques.
Des valeurs sociales et sociétales largement plébiscitées
Le refus de la violence dans la société, le système de protection sociale, le système scolaire public, l'égalité femmes-hommes ou le droit à l'avortement pour toutes les femmes sont jugés essentiels par plus de 90 % des répondants, quelle que soit la sensibilité politique.
La justice, le respect et l’honnêteté arrivent en tête des valeurs jugées « très importantes » pour l'ensemble des Français, toutes tendances politiques confondues. Les Français restent attachés à la famille, au travail, à l’ordre ou à la solidarité, même si l’intensité varie selon l’orientation politique.
Un jugement sévère sur l’action politique
Malgré cette adhésion aux valeurs, les Français estiment que les responsables politiques ne les défendent pas efficacement. Moins d’un citoyen sur deux juge la famille, la laïcité ou la nation bien défendues, et ce chiffre tombe sous les 35 % pour la justice, le respect et l’honnêteté. Ce sentiment traverse l’ensemble de la population, avec une défiance plus marquée hors du bloc macroniste.
Les priorités pour l’avenir : cohésion et justice sociale avant tout
Interrogés sur leurs priorités, les Français placent en tête :
La réduction des tensions dans la société française (incivilités, violence, désinformation), signe d’une inquiétude majeure face à la fragmentation du pays.
L’amélioration de la situation économique et sociale (pouvoir d’achat, croissance, chômage).
La maîtrise de l’endettement du pays (114% du PIB).
Derrière ces préoccupations, se dessine la volonté d’un retour à la cohésion et à la stabilité dans un contexte d’inquiétudes multiples.
Présentation du Baromètre de la République lors de l'Université d'été d'Autun le 30 août 2025
Découvrez la présentation du Baromètre de la République lors de l'Université d'été du Laboratoire à Autun par Mathieu Gallard, directeur d'études chez IPSOS BVA, et les réactions de nos Grands témoins, le politologue Pascal Perrineau et le philosophe Pierre-Henri Tavoillot.
https://www.youtube.com/watch?v=va-s5MuM8CU
Le Laboratoire de la République tient à remercier ses partenaires pour leur soutien à la réalisation du Baromètre de la République :
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