Étiquettes : République

Le Laboratoire a un an !

par L'équipe du Lab' le 9 décembre 2022
Le Laboratoire de la République a fêté sa première année d'existence ce jeudi 6 décembre à la Maison de l'Amérique latine.
A cette occasion, et devant un public nombreux, le président fondateur Jean-Michel Blanquer, la secrétaire générale Ilana Cicurel, Eric Clairefond le délégué général ainsi que deux jeunes membres du Laboratoire particulièrement investis : Ines Racineux et Augustin Doutreluingne ont évoqué les fondamentaux, les réalisations et les ambitions du cercle de réflexion et d'action. Débats, réhabilitation de la nuance, propositions d'idées et d'initiatives concrètes constituent des valeurs cardinales que le Laboratoire va déployer sur l'ensemble du territoire en 2023. Rejoignez-nous ! https://www.youtube.com/watch?v=ZoIdV5zJVn4

L’antenne lyonnaise du Laboratoire est ouverte !

par L'équipe du Lab' le 7 décembre 2022
La jeunesse au cœur de la République à Lyon ! Le 6 décembre dernier était inaugurée l'ouverture de l'antenne lyonnaise du Laboratoire de la République, en présence de Jean-Michel Blanquer.
Cette inauguration à l'école HEIP, Lyon OMNES Éducations, fut l'occasion de mettre en lumière les problématiques dont se saisit le Laboratoire de la République depuis un an : comment faire face à la crise climatique ? Comment expliquer la montée des extrêmes ? Comment lutter contre les fléaux du 21ème siècle ? En digne héritier des valeurs républicaines, le Laboratoire de la République a vocation à apporter des réponses à ces nouveaux défis. La jeunesse est une des priorités du Laboratoire. À Lyon, elle pourra désormais se saisir de toutes les questions et de tous les sujets. Cette ouverture offre, en outre, l'occasion d'envoyer un signal important aux acteurs locaux et aux nombreux étudiants de la région lyonnaise : le laboratoire de la République, c’est la République au concret !  Au cours de la soirée, de nombreux projets du Laboratoire ont pu être présentés, notamment le projet impulsé par le responsable de la commission République laïque, Monsieur le Préfet Michel Lalande, intitulé "Ils incarnent la République". Ce projet a vocation à mettre en avant des parcours exceptionnels permis par les valeurs républicaines. Indira Tsirikhova est ensuite intervenue, en parfait exemple d'un de ces parcours particulièrement inspirants. D'origine russe, Indira est arrivée en France à l'adolescence, a suivi scolaire public exemplaire jusqu'à obtenir un Master psycho-clinique à Lyon 2 avant d'intégrer une école labellisée Grande École du Numérique, Simplon qui, avec Microsoft, a déployé des écoles gratuites d'apprentissage dédiées aux nouveaux métiers du numérique et en particulier à l'intelligence artificielle. Elle est aujourd’hui data analyste. De même, le parcours d'Anaïs Esteve a illustré ce projet ambitieux. Âgée de dix-huit ans, elle a eu son baccalauréat au lycée hôtelier de Toulouse. La passion de l’hôtellerie lui vient de plusieurs stages réalisés dans des restaurants étoilés toulousains. En 2020, elle rejoint l’Institut Paul Bocuse pour y suivre la formation Bachelor Arts Culinaires et Entrepreneuriat. Ce moment fut enfin l’occasion d’échanger sur le thème de la santé mentale, une problématique particulièrement présente chez les jeunes, mise en lumière notamment depuis la période du Covid, et avant cela, avec l’émergence dans le débat public de la précarité étudiante. Après avoir fait un état des lieux des troubles qui touchent particulièrement les jeunes aujourd'hui, différentes solutions concrètes ont pu être évoquées. Merci aux intervenants de la table ronde : Jennifer Guesdon, Anne De Danne, Thierry Taboy, Marion Fabre, Serge Bizouerne, et Julie Zelbat. Cette table ronde a donné suite à un échange entre les étudiants et les intervenants.  Un grand merci à tous les étudiants présents et les intervenants qui ont fait vivre l’ouverture de l’antenne lyonnaise ! 

Alexandra Borchio Fontimp : « Faisons de la lutte contre les violences pornographiques et la marchandisation des corps une priorité de politique publique »

le 1 décembre 2022
"Porno, l'enfer du décor" : pour la première fois dans l'histoire parlementaire, un rapport sénatorial, publié le 27 septembre, s'intéresse aux violences subies par les femmes dans le secteur de la pornographie et aux graves dérives qui entourent la production et la diffusion de ces contenus sur internet. Le Laboratoire a interrogé une des quatre rapporteures, Alexandra Borchio Fontimp, sénatrice LR des Alpes-Maritimes, pour l'éclairer sur ce qui doit devenir pour elle une "priorité de politique publique".
Le Laboratoire de la République : Qu'est-ce qui a changé dans la pornographie depuis le début des années 2000 ? Pourquoi le secteur est-il devenu plus violent ? Alexandra Borchio Fontimp : Lorsque nous avons entamé nos travaux avec mes collègues rapporteures, nous avons très vite dressé un constat : la pornographie a suivi l’essor d’internet et a, de facto, changé radicalement de visage. Au milieu des années 2000, l’apparition des « tubes », grandes plateformes numériques de diffusion de dizaines de milliers de vidéos, a totalement bouleversé l’industrie du ‘’porno’’. Fondant leur modèle économique sur la génération d’un trafic massif, grâce à du contenu souvent piraté et gratuit, ces plateformes ont amené les consommateurs de pornographie à changer leur comportement. Au fil des ans, la société s’est numérisée et les modes de consommation avec. Une tendance qui s’est malheureusement confirmée avec la crise sanitaire et les confinements successifs. Aujourd’hui, il est tout aussi simple d’accéder à du ‘’porno’’ que de faire ses courses en ligne. Représentant 25% du trafic web mondial, cette industrie s’est mutée en un véritable business où le ‘’porno’’ est devenu plus une affaire d’argent qu’une affaire de sexe. Pesant plusieurs milliards d’euros, ce business plus que lucratif a rapidement été accaparé par quelques multinationales propriétaires des « tubes » qui n’hésitent pas à exploiter la vulnérabilité psychologique et économique de jeunes femmes pour alimenter leur flux. Répondant à une sorte de politique de l’offre et de la demande, ces ‘’producteurs’’ enchaînent des productions aux conditions de tournage déplorables au sein desquels la marchandisation du corps des femmes et du sexe est devenue monnaie courante. Par ailleurs, depuis 2010, sont également apparues des plateformes de partage de contenus à caractère sexuel telles qu’Onlyfans ou MYM. Parallèlement à cet essor, les réseaux sociaux et messageries privées comme Snapchat, WhatsApp ou encore Telegram sont devenus de nouveaux vecteurs de diffusion de contenus pornographiques. Or, on sait que ces canaux de diffusion sont particulièrement appréciés par notre jeunesse : plus de 70% des 15-16 ans sont présents sur au moins 4 réseaux sociaux (Instagram, Twitter,Snapchat...). Cette massification, presque à outrance, de la diffusion du ‘’porno’’ a considérablement contribué à la recrudescence de contenus de plus en plus ‘’trash’’, violents qui font fi des conditions de tournage et des contrôles. Le Laboratoire de la République : Comment renforcer la répression pénale contre des producteurs responsables de violence ? Quelle régulation imposer aux plateformes dans ces cas ? Alexandra Borchio Fontimp : Tout d’abord, pour que répression il y ait, condamnation il doit y avoir. Et pour que condamnation soit prononcée, procès et donc dépôt de plainte il doit y avoir. Je suis persuadée qu’un travail fondamental de libération de la parole sur ces violences doit se faire. C’est une condition sine qua non ! Nous devons briser les tabous, bousculer les consciences afin d’encourager les victimes à dévoiler au grand jour les abus de cette industrie. Comment une actrice trouvera-t-elle le courage de passer la porte d’un commissariat si l’opinion publique campe sur la position selon laquelle le ‘’porno’’ est synonyme de violence ? Elle ne le trouvera pas, - ce courage -, et la Justice ne sera donc jamais saisie. Mes collègues rapporteures et moi-même avons été agréablement surprises de l’écho qu’a eu notre rapport. Encore aujourd’hui, nous continuons de recevoir des demandes d’interview et nous poursuivons notre tournée des ministères pour présenter nos travaux aux membres du Gouvernement. Nous espérons sincèrement que ces entretiens donneront lieu à des prises de décision concrètes et fermes. Mais nous avons bon espoir ! Nos interlocuteurs semblent sensibles aux problématiques présentées et à nos recommandations. Après des mois d’auditions, notre revendication première est claire : la lutte contre les violences pornographiques et la marchandisation des corps doit devenir une priorité de politique publique. Comme je vous l’ai expliqué plus haut, nous devons imposer dans le débat public la question des violences pornographiques. Comment peut-on envisager de fermer les yeux plus longtemps sur un tel sujet lorsque l’on sait que 90% des scènes pornographiques présentes sur internet comportent de la violence ? En plus de la banaliser, presque de la ‘’normaliser’’, nous mettons en danger notre jeunesse. Là aussi, nous devons cesser de nous leurrer. Nos enfants naissent avec des tablettes entre les mains. Au cours de nos études, nous avons dressé l’accablant constat que les enfants et adolescents développent de nos jours une consommation de plus en plus massive, précoce et toxique de contenus pornographiques. 1/3 des garçons de moins de 15 ans se rend sur un site ‘’porno’’ chaque mois et 2/3 des enfants de moins de 15 ans a déjà eu accès à de telles images. C’est effrayant ! Pour que cette tendance s’inverse et que les producteurs soient punis, il est impératif que la parole se libère. Ainsi, nous avons mis en avant plusieurs pistes : Favoriser le dépôt de plaintes en améliorant les conditions d’accueil des victimes en formant les forces de l’ordre au recueil des plaintes spécifiques de ces dernières et en instaurant un suivi de leur dossier par un contact unique ; Prendre en compte le contexte spécifique des violences pornographiques en adaptant les conditions d’accueil et d’écoute du numéro national 3919 dédié à la prise en charge des femmes victimes de violences ; Imposer aux diffuseurs, plateformes, réseaux sociaux des amendes face à toute diffusion de contenu illicite ; Ou encore imposer aux plateformes de satisfaire gratuitement aux demandes de retrait de vidéos formulées par les personnes filmées. Le Laboratoire de la République : Votre rapport porte également sur la régulation de l'accès aux contenus pornographiques en ligne. Face aux difficultés techniques de mise en œuvre et au cadre de protection des données personnelles, la puissance publique a-t-elle les moyens de mettre en œuvre cette régulation ? Alexandra Borchio Fontimp : Encore une fois, nous devons être lucides et honnêtes sur cette question. Oui, la puissance publique a les moyens de mettre en place une régulation de l’accès aux contenus pornographiques mais cela ne se fera pas sans difficulté et sans un travail de longue haleine. A l’heure actuelle, cette régulation est quasi inexistante sur Internet. S’il n’a longtemps eu aucune compétence sur Internet, le CSA – aujourd’hui l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) – est désormais chargé de la régulation systémique des plateformes ayant une activité d’intermédiation en ligne, telles que les plateformes de partage de vidéo, les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, les agrégateurs et les magasins d’application. Pour autant, force est de constater que l’accès aux sites pornographiques demeure encore extrêmement aisé pour n’importe quel public. Aucun contrôle de l’âge n’est prévu pour accéder aux sites Pornhub, YouPorn, Xnxx, Tukif, etc. C’est pourquoi, nous avons souhaité dans nos recommandations donner plus de moyens à l'Arcom pour lui permettre d’agir : Lui confier la possibilité de prononcer des sanctions administratives, aux montants dissuasifs, à l’encontre des sites pornographiques accessibles aux mineurs ; Qu’il définisse dans ses lignes directrices des critères exigeants d’évaluation des solutions techniques de vérification de l’âge ; Que ces agents soient assermentés afin de leur permettre de constater eux-mêmes les infractions des sites pornographiques accessibles aux mineurs. Parallèlement à l’action de l’Arcom, nous souhaitons imposer aux sites pornographiques la diffusion de messages d’avertissement sur les contenus violents ou encore l’affichage d’un écran noir tant que l’âge de l’internaute n’a pas été vérifié. Enfin, nous prônons pour une meilleure détection des comportements violents sur internet en créant une catégorie « violences sexuelles » dans les signalements à Pharos afin de faciliter et de mieux compatibiliser les signalements. Découvrir le rapport.

Événement : le Laboratoire de la République s’implante à Lyon

par L'équipe du Lab' le 29 novembre 2022
Le Laboratoire de la République vous donne rendez-vous mardi 6 décembre prochain pour le lancement de sa seconde antenne locale, à Lyon.
Le Laboratoire ouvre son antenne à Lyon, en présence de son président, Jean-Michel Blanquer. À cette occasion, nous recevrons Éric Clairefond, Michel Lalande, Lenzo Di Placido, Indra Tsirikhova, Anais Esteve, Thierry Tabou, Anne de Danne, Marion Fabre, Serge Bizouerne pour évoquer les valeurs de la République et les visages qui les incarnent, en se concentrant sur une thématique particulière, celle de la santé mentale. Nous détaillerons les moyens en notre possession pour mettre en oeuvre les solutions souvent identifiées. Date : Mardi 6 décembre 2022 à 18h30 Lieu : OMNES EDUCATION, 25 Rue de l'Université, 69007 Lyon Inscription : ici. Le Laboratoire vous attend nombreux !

Défi climatique : tous dans le même bateau

par Bertrand Badré le 28 novembre 2022
Sommes-nous vraiment prêts à le relever ? La question du changement climatique cristallise certaines peurs, celle de l’avenir de notre planète, des futures générations. Alors que La COP27 s’achève et nourrit ce dialogue entre les dirigeants du monde, le titre du dernier ouvrage de Bertrand Badré, « Voulons nous sérieusement changer le monde ? » semble être plus que d’actualité. Ancien Directeur Général de la Banque mondiale, il dirige actuellement Blue like an Orange, il revient pour nous sur l’urgence à réussir cette transformation.
Le Laboratoire de la République : La tenue de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique fixe une fois de plus les enjeux des bouleversements auxquels le monde fait face. Un des objectifs fixés est de renforcer les ambitions d’une solidarité internationale. Pensez-vous que nous en prenions le chemin ? Cette fraternité à l’échelle mondiale est- elle vraiment possible ?  Bertrand Badré : Nous n'avons pas le choix. Comme déjà évoqué dans mes différents ouvrages et reprenant d'ailleurs les paroles de l’encyclique « fratelli, Tutti » du Pape François : « on n'est pas forcément sur le même pont ou dans la même classe, mais on est tous sur le même bateau. » Si nous n’avons pas une approche fraternelle de cette question planétaire, nous n'y arriverons pas. Des efforts formidables sont faits en France et en Europe. Mais la réalité est plus complexe. Si on ne permet pas à des pays qui ne sont pas partie de la même situation que nous, en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, de s'accrocher au paquebot, on aura tout perdu. La bataille du climat se livre partout tant à Bruxelles, Washington que Paris.  Elle se gagnera ou se perdra à la fin à Delhi ou à Bogota. Et donc cette COP est très importante parce qu'elle met le doigt là où ça fait mal. Les pays riches s'étaient engagés à accompagner financièrement les plus pauvres à hauteur de 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique pour la période 2020-2025. Cet objectif a été rappelé à Copenhague en 2009, à Paris en 2015. Nous sommes en 2022 et nous n’y sommes toujours pas. Les pays qui souffrent le plus du climat sont précisément ceux qui n'ont pas contribué à ce changement climatique. La proportion des émissions de gaz à effet de serre qui relèvent des anciens pays industrialisés est colossale par rapport à ce qu'a pu émettre un pays comme la Côte d'Ivoire, le Cambodge, la Bolivie ou la Colombie.  On est effectivement dans une approche où la fraternité est probablement une des clés, une fraternité intéressée d'ailleurs, mais une fraternité malgré tout. Certains imaginent un monde où l’on construit des digues et des murs protégés par des drones ou toutes sortes de prouesses technologiques qui nous isolent du reste du monde. Cela ne peut pas être ma vision. Le Laboratoire de la République : En désignant deux ministres chargés respectivement de la transition écologique et de la transition énergétique, le gouvernement français souhaite renforcer son action de planification. Est-ce selon vous, suffisant ?  Bertrand Badré : je n'ai pas d'avis sur la structuration gouvernementale elle-même et je n'aime pas tellement le mot de « transition », je lui préfère celui de transformation. Il ne s’agit pas non de réduire cette question aux émissions de carbone. En tirant sur la pelote on s’aperçoit rapidement que cette transformation pose un cadre plus vaste et que tous les sujets viennent les uns derrière les autres. S’il suffisait que nous ayons tous une voiture électrique pour qu'il n'y ait plus de problème, ce serait simple. La construction de la voiture électrique est un sujet complexe en soit. Même chose pour la question des éoliennes. On voit bien que le concept qui se développe c'est celui de transition juste, parce qu'il y a une dimension sociale. Tous ces sujets sont très liés les uns aux autres et remettent en question notre modèle, notre mode de production, de consommation et de financement. Ces transformations sur le développement durable et le climat ne se passent pas d’ailleurs comme on l'avait prévu en 2015. On a implicitement laissé la main libre à « la main invisible » en pensant que le marché allait faire le boulot. Sept ans plus tard, on a certes fait des progrès, mais très insuffisants. Les Français aiment bien le mot de « planification », il leur rappelle la période de la reconstruction à la sortie de la seconde guerre mondiale. Je pense qu'effectivement qu’il faut une planification mais pas seulement étatique. Il faut surtout garder cet esprit de la planification à la française où tout le monde a été capable de se mettre autour de la table en disant : « voilà, on a un objectif qui est celui-là, comment peut-on ajouter les pièces ? Comment chacun peut y contribuer sachant qu’il y aura des gagnants et des perdants ? » A l’heure actuelle, nous sommes dans cette phase où il faut rendre la main un peu plus visible. Cela oblige à prendre des décisions fortes. Ce qui peut expliquer que les débats soient tendus en ce moment. Non seulement parce que la conjoncture est plus difficile, que la crise énergétique est là mais aussi parce qu'on se rend compte que la situation doit être prise au sérieux et la prise de décision aura des conséquences sur le long terme. Le Laboratoire de la République : le premier chantier de cette planification écologique est l'eau. Face à la complexité du sujet, pensez-vous qu’il faille accorder plus de place au travail de la recherche, à la science dans le débat d’idées et la prise de décision politique ? Bertrand Badré : Je n'aime pas parler de priorité parce que dans la planification, on comprend précisément que les sujets sont liés et que tout est prioritaire. Il faut traiter les sujets les uns avec les autres. L'eau est évidemment un sujet central, mais j'ose dire ni plus ni moins que le CO2, la biodiversité, nos équilibres sociaux, environnementaux. Avoir une approche d'ensemble de rénovation de notre modèle économique est essentiel et non la prendre par petits bouts. Ne perdons pas à l’esprit que depuis la création, le vieux principe de Lavoisier s’applique à la planète terre : « rien ne se perd, tout se transforme ». Le problème, c'est que cette eau, elle est plus ou moins disponible, plus ou moins propre. Et c'est un problème mondial. Le cycle de l'eau est mondial et en même temps, c'est très local. On est obligé de penser mondial et d'agir local. La prise en compte du réchauffement climatique a un fondement scientifique. Il y a un travail de pédagogie, de compréhension nécessaire. Il faut évidemment laisser sa place pleine et entière à la science et aux faits dans l'intérêt même de la parole politique. Dans un monde où les gens ne croient plus aux experts, il faut à la fois au maximum réhabiliter la science pour que la parole complotiste recule. Et en même temps, il ne faut pas la nier. Et donc la question se pose : « comment embarque -t-on tous ces gens-là sans créer de psychodrame, voire de révolte? » Le Laboratoire de la République : Les grandes écoles françaises s’emparent de la question climatique pour adapter le système éducatif aux nombreux défis. Vous intervenez régulièrement dans des grandes universités à travers le monde pour partager votre expérience et analyse, pensez-vous que nous soyons assez compétitif par rapport à d’autres pays du monde ?  Bertrand Badré : Je suis revenu en France il y a un an. J'ai fait un certain nombre d'interventions dans un certain nombre d'écoles et d'universités. Ça ne me donne pas une légitimité pour savoir si on est bien ou mal formé ici. En revanche, ce qui me parait central c ‘est d’avoir une approche multidisciplinaire. Notre faiblesse c'est que le rayonnement de nos institutions est plus limité que le rayonnement des grandes institutions anglo-saxonnes. C'est triste, mais c'est comme ça. C'est aussi important de regarder ce qui peut se passer dans les grandes universités britanniques ou américaines qui ont une force de frappe, y compris financière, infiniment supérieure à la nôtre. On a quand même beaucoup d’atouts qu’il faut valoriser. Je pense aux savoir-faire d’entreprises telle que Veolia, à l’effervescence de la French tech, aux nombreux intellectuels et chercheurs comme le penseur du « nouveau régime climatique » Bruno Latour ou le prix Nobel Jean Tirole. J'ai eu la chance d'avoir des responsabilités internationales, j’ai pu observer l’influence de la France. Elle n'est pas non plus infinie. L'Europe est un levier important à ne pas négliger, elle a une capacité à faire travailler ensemble des pays et c’est là un chemin d’avenir. Et probablement aussi, on ne prend pas complètement en compte les liens possibles avec les Britanniques. D’une manière générale, il y a toujours intérêt à construire ces ponts entre toutes les parties prenantes :  entreprises et ministères, mais aussi la puissance publique avec les ONG. Chacun est convaincu d'avoir raison tout seul. Donc il faut des endroits où tous les gens qui auraient raison tout seul se rendent compte qu'ils n'ont pas forcément raison sur tout et qu'ils sont plus pertinents ensemble. C'est un enjeu majeur. Je suis très préoccupé de l'urgence à trouver des solutions, là encore une fois il faut faire preuve d'intelligence collective.

Retour sur la soirée d’inauguration de l’antenne lilloise

par L'équipe du Lab' le 26 novembre 2022
Le 23 novembre dernier, le Laboratoire de la République ouvrait sa première antenne locale à Lille, lors d'une soirée à l'Université Catholique de Lille, organisée avec l’association De Plein Droit et le Think&Do Tank Youth’s Horizon, œuvrant respectivement pour l’accès aux droits sociaux des étudiants et les politiques éducatives.
La « république sociale » est un concept se situant au cœur de la philosophie politique de notre pays, mais que bien peu sauraient définir clairement. Et pourtant, la république sociale est loin d’être un concept purement théorique et abstrait. Elle a imprégné notre mode de vie et fait partie de notre quotidien. La république sociale pourrait être définie comme notion se préoccupant du bien-être des citoyens. Elle a pour but de faire société autour d’un projet d’égalité et de justice. Elle inclue la notion de destin commun, fondée sur le principe de solidarité. Elle est à l’origine de notre République et elle est aussi son avenir. En première partie de soirée, deux étudiants, Yash Savaliya et Rodolphe Hurtrez, ont pu témoigner dans le cadre du projet "Ils incarnent la République", développé par le Laboratoire. Leurs parcours particulièrement riches et inspirants ont mis en lumière la nécessité de renforcer et d'informer sur les dispositifs d'égalité des chances mis en place en France. Ensuite, cette soirée a été l'occasion pour les organisateurs et représentants de chaque association de présenter les projets à venir pour l'année 2023. Qu'il s'agisse de continuer à informer sur les aides sociales pour les jeunes pour l'association De Plein Droit (représentée par Théo Fouquer) ou de mettre en place une véritable synergie des jeunes pour Youth's Horizon et Le Laboratoire de la République (représentées par Lila Nantara), les projets sont multiples. Éric Clairefond, Délégué général du Laboratoire et Jean-Michel Blanquer, Président, ont également pu intervenir et s'adresser au public présent, particulièrement jeune : Une antenne du Laboratoire de la République, c’est avant tout un engagement concret des jeunes : à la fois dans la vie intellectuelle, pour le débat, mais aussi dans la vie pratique pour traduire la République par des actions, souvent au service des autres, ou simplement pour qu’on se sente appartenir à la même entité, à la même nation, à la République française. Enfin, une table ronde sur le thème "Droit social : réconcilier jeunesse et République" a clôturé la soirée, en présence de Richard Senghor, ancien Secrétaire général du Défenseur des droits, Hervé Terilynck, Directeur de cabinet de la Rectrice de la Région académique des Hauts-de-France et de l'Académie de Lille, David Dentreuil, Directeur des études et des stages de l'Institut Régional d'Administration (IRA) de Lille et Nathalie Flaszenski, Secrétaire générale du Conseil départemental de l'Accès au droit. « La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. » C’est le projet de toute une génération, le fruit d’un investissement collectif qui s’inscrit dans une logique de concrétisation des promesses citoyennes, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La Sécurité sociale et les services publics en sont de parfaits exemples : depuis 1945, la République accorde à tous une sécurité face aux aléas de la vie. Pour la première fois, la volonté de la République est de sécuriser la vie des citoyens et d’atténuer la « peur du lendemain » que constituent la maladie, les accidents, l’âge ou encore l’instabilité financière. Les années 1980 font connaître à la République et aux citoyens une fragilisation du système, et de l’emploi en particulier, accompagnée d’un retour de cette « peur du lendemain » : la République sociale est déstabilisée.  Aujourd’hui, un obstacle persiste face aux vœux de la République sociale : l’accès aux droits. Les 18-25 ans et les plus de 60 ans sont les deux publics phares du Conseil Départemental de l'Accès au Droit du Nord (CDAD). Si les jeunes sont à l’aise avec le numérique, ils ne le sont pas intuitivement avec les démarches administratives en ligne. Cette capacité étant encore très dépendante du soutien familial, le CDAD œuvre pour l’accès aux droits de tous (accompagnement, informations, rendez-vous avec des professionnels : avocats, notaires, etc.), problématique essentielle dans un département précarisé.  À Lille, Bastia, Nantes, Metz et Lyon sont implantés des Instituts Régionaux d’Administration, faisant partie du réseau des écoles du service public. Au sein de ces instituts, la relation aux usagers est au cœur de la formation des élèves. « Simplifier, s’adapter, innover » sont les enjeux des futurs cadres de l’Administration française formés dans ces instituts, pour des services publics et une République sociale au plus proche des citoyens. À la suite de la crise sanitaire et dans le but de toujours tenir cette promesse de citoyenneté sociale, des mesures structurelles et conjoncturelles ont été prises pour les étudiants comme les repas à 1€ pour les étudiants boursiers. Cependant, l’accès à ce genre de dispositif doit être garanti à tous. Il existe à cet effet un guichet unique : le CROUS pour centraliser les informations concernant les droits des étudiants. Par ailleurs d’autres plateformes ont été créées pour toucher un plus large public de jeunes, telle que « 1 jeune, 1 solution », permettant la réduction d’inégalités en termes de réseau et d’opportunités. Les jeunes sont au cœur de nombreux dispositifs de notre République sociale. Dans la ville de Lille et plus globalement dans le Nord, l’accès aux droits est une problématique centrale. En partant de ce constat et grâce aux dynamiques permises par cette soirée de lancement d’antenne, le Laboratoire de la République est déterminé à faire vivre les valeurs républicaines, au plus près des jeunes citoyens lillois. La République au concret, c’est aussi tenir cette promesse de citoyenneté sociale ! 

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