Jean-Michel Blanquer à Aix-en-Provence pour une République éclairée

par L'antenne d'Aix-Marseille le 21 janvier 2025
Le Laboratoire de la République continue de faire vivre le débat républicain en organisant une conférence à Aix-en-Provence, en partenariat avec l'association le Parlement des Étudiants. Cet événement témoigne de l’ambition du Laboratoire de renforcer la réflexion et l’action en faveur des valeurs républicaines, notamment à travers l’éducation.
Ce lundi 20 janvier, Jean-Michel Blanquer, président-fondateur du Laboratoire de la République et ancien ministre de l’Éducation nationale, est intervenu à Sciences Po Aix devant un public riche, composé d'étudiants et d'aixois intéressés. En revenant sur son ouvrage La Citadelle (2024), il a partagé son expérience des arcanes du pouvoir et les défis liés à la réforme éducative en France. La conférence a abordé des enjeux essentiels, comme les relations entre le pouvoir exécutif et législatif, le rôle central de l’éducation pour renforcer la République, ainsi que les défis actuels pour défendre ses valeurs, en France et à l’international. Jean-Michel Blanquer a profité de cette occasion pour présenter les travaux du Laboratoire de la République et annoncer la création d’une antenne locale Aix-Marseille, avec l’ambition d’en faire un point d’ancrage régional en PACA pour promouvoir et renforcer le tissu républicain.

Charlie Hebdo : « la République doit rester vigilante face aux menaces contre ses valeurs fondamentales »

par Marika Bret le 7 janvier 2025 Charlie Hebdo - 10 ans après
Dix ans après l’attentat contre Charlie Hebdo, Marika Bret, ancienne DRH du journal, revient sur cet événement tragique et les défis toujours actuels autour de la laïcité, de la liberté d’expression et de l’unité républicaine.
Laboratoire de la République : Dix ans après l'attentat contre Charlie Hebdo, pourquoi est-il encore essentiel d'en parler aujourd'hui ? Marika Bret : Ces commémorations sont primordiales. Elles servent à rendre hommage aux talents extraordinaires que nous avons perdus et à rappeler pourquoi ces tragédies ont eu lieu. Si nous ne comprenons pas les causes de ces événements, nous n'avancerons pas. Le 7 janvier 2015, c'était la conséquence d'une longue période de refus collectif de voir que nos valeurs et principes démocratiques étaient menacés. Charlie Hebdo avait alerté à maintes reprises sur la remise en cause de la laïcité et sur les attaques contre la liberté d'expression. Ces principes ne sont pas des évidences ; ils doivent être défendus constamment. Laboratoire de la République : Quels éléments ont précédé et conduit à ces attentats ? Marika Bret : Avant même les attaques, le journal était dans une grande solitude. Les locaux ont été incendiés avec deux cocktails Molotov en 2011 et le site du journal a été piraté, et notre critique de l’islam comme dogme religieux suscitait une hostilité intense. Charlie Hebdo a toujours critiqué les religions, qu’il s’agisse du catholicisme ou de l’islam. Mais la montée de l’islamisme, une idéologie totalitaire et mortifère, a conduit à une incompréhension et à des accusations infondées d’islamophobie. L'usage abusif de ce terme a façonné un climat où la critique des dogmes religieux était assimilée à du racisme, alors que le journal s’est toujours battu contre toute forme de discrimination. Si, en 2006, lors des procès des caricatures de Mahomet, tous les médias avaient publié ces dessins, cela les aurait rendus banals. Malheureusement, Charlie Hebdo était seul, et cette solitude a contribué à l’escalade qui a culminé avec l’attentat. Laboratoire de la République : Depuis ces événements, le niveau d’alerte a-t-il changé ? Marika Bret : Sur le plan militaire, des avancées ont été réalisées contre des organisations comme Daesh. Mais l’idéologie reste présente, notamment dans les têtes. Les attentats de masse ont diminué, mais la menace s’exprime différemment, par un travail de sape identitaire et antirépublicain. Ces discours, bien que minoritaires, sont souvent les plus bruyants. Il est essentiel de réaffirmer nos valeurs pour les contrer. Laboratoire de la République : Quel message souhaitez-vous transmettre à la jeunesse sur la laïcité ? Marika Bret : Il est crucial de rappeler que la laïcité garantit l’égalité entre tous, quelle que soit la religion. Malheureusement, certains jeunes sont persuadés qu’elle les stigmatise ou les empêche de pratiquer leur culte. Ce malentendu les place en opposition avec la République. Lorsqu’on explique clairement la laïcité, la liberté d’expression et l’égalité, la majorité comprend et adhère. Mais il reste une minorité influencée par des discours extrémistes. Les enseignants ont un rôle clé, mais ils doivent être soutenus. Quand des professeurs sont menacés ou insultés pour avoir respecté la loi, cela traduit un problème profond. Samuel Paty et Dominique Bernard ont payé de leur vie pour avoir transmis ces principes républicains. Il faut renforcer la protection fonctionnelle et offrir un appui clair et solide à nos enseignants. Laboratoire de la République : Vous parlez souvent de la « liberté de rire ». Peut-on rire de tout ? Marika Bret : Oui, on peut rire de tout, mais il faut se demander pourquoi. Le rire peut briser les tabous, éclairer des sujets graves et provoquer la réflexion. Par exemple, on peut traiter de la Shoah dans un dessin humoristique si cela vise à dénoncer l’horreur ou à combattre les discours négationnistes. Mais si le but est de banaliser ou de soutenir ces atrocités, cela devient inacceptable. Le dessin de presse a ce pouvoir unique de nous heurter, de nous faire rire et de nous faire réfléchir. C’est une arme puissante, mais elle n’est pas acceptée partout. Dans de nombreux endroits du monde, le rire est strictement limité par des interdits. Laboratoire de la République : Un dernier message ? Marika Bret : Ces commémorations suscitent en moi un mélange de chagrin et de colère. Nous avons perdu des êtres exceptionnels, et certaines trahisons politiques n’ont fait qu’accentuer ce sentiment. Pour lutter contre les extrémismes et réaffirmer nos principes républicains, il faut être précis, cultivé et intransigeant.

La Vème République aujourd’hui : peut-on parler de la fin du présidentialisme ?

par Alain Laquièze le 8 janvier 2025 Alain_Laquièze_resp;Démocratie-Lab
Alain Laquièze, doyen de la faculté de Droit, d'Économie et de Gestion de l'Université Paris Cité et responsable de la commission République démocratique au sein du Laboratoire de la République, propose une réflexion approfondie sur la crise politique actuelle en France. À travers une perspective historique, il questionne les dynamiques à l'œuvre : sommes-nous face à une véritable crise de régime ou existe-t-il encore des solutions pour revitaliser un système qui semble à bout de souffle ?
Il y a cent ans, le Président de la République, Alexandre Millerand, fut contraint à la démission, en raison de l’hostilité d’une large partie de la classe politique, notamment des socialistes et des radicaux, ainsi que du Parlement. La Chambre des députés, après la victoire du Cartel des gauches aux élections législatives de mai 1924, entama en effet une grève des ministères, dont le but premier était de contraindre le chef de l’État de quitter l’Élysée. Millerand, n’ayant pas obtenu du Sénat l’accord qui lui était nécessaire pour dissoudre la Chambre des députés, se résigna à quitter sa charge le 11 juin 1924. À l’heure où les appels à la démission du président de la République, Emmanuel Macron, se multiplient, il n’est pas inutile de remettre en perspective la situation constitutionnelle que nous vivons aujourd’hui. Car l’affaiblissement du président actuel qui n’est pas sans rappeler celui de son prédécesseur de la IIIème République, s’inscrit toutefois dans un contexte diamétralement différent. Au début des années 1920, Millerand s’efforçait d’infléchir le fonctionnement du régime parlementaire, outrageusement dominé par les chambres, en affirmant la place du président dans la détermination de la politique nationale. Aujourd’hui, la problématique est quasiment opposée : il s’agit de savoir si Emmanuel Macron peut éviter l’affaiblissement durable de la fonction présidentielle, dans une Vème République qui a pourtant édifié, dès ses premières années d’application, ce que l’on a pu appeler le présidentialisme majoritaire, c’est-à-dire un régime politique dans lequel un chef de l’État élu au suffrage universel direct exerce une action politique prépondérante, à la faveur du soutien d’une majorité de députés à l’Assemblée Nationale. La fin du présidentialisme - Laquieze Alain, Laboratoire de la RepubliqueTélécharger

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