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Après la pièce « Le Professeur », un débat essentiel sur l’école, la laïcité et l’héritage de Samuel Paty

par L'antenne d'Assas le 9 décembre 2025
Dans le cadre des 120 ans de la loi de la séparation des Eglises et de l'Etat, dimanche 7 décembre, au Théâtre de la Scala, la représentation de la pièce "Le Professeur" mise en scène par Émilie Frèche, interprétée par Carole Bouquet, a été suivie d’un échange dense et nécessaire. Autour de la table : la metteuse en scène et l’enseignant Iannis Roder – membre du Conseil des sages de la laïcité. Une rencontre au croisement du théâtre, du témoignage et de l’analyse, pour revenir sur l’assassinat de Samuel Paty et sur les défis actuels qui pèsent sur l’école de la République.
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Émilie Frèche a présenté la genèse de sa pièce, pensée autour de trois mots clés : peur, solitude, absurde. Elle décrit une écriture comme une “toile d’araignée” autour du personnage de Samuel Paty, marquée par un rythme froid, presque clinique, qui retrace la progression inexorable vers le drame. Plutôt que de représenter frontalement la menace islamiste, la pièce met en scène notre incapacité collective à y répondre, comme un miroir tendu à la société.

Le débat a rappelé les mécanismes qui ont mené à l’assassinat de Samuel Paty : une rumeur fabriquée de toutes pièces, l’emballement des réseaux sociaux, la construction d’un récit parallèle, puis la désignation de l’enseignant comme cible. Le tout alors que l’élève à l’origine de l’affaire n’était pas présente au cours incriminé.

L’analyse a replacé l’affaire dans un contexte plus large. Dès 2014, Daesh ciblait explicitement l’école de la République. Trois jours avant l’assassinat, le politologue Bernard Rougier déclarait déjà : « L’école est une cible pour les islamistes ». Parce qu’elle vise à libérer les enfants des déterminismes et à leur apprendre à penser par eux-mêmes, l’école laïque est perçue comme un obstacle central au projet islamiste.

Les contestations ont évolué : hier centrées sur les caricatures, elles peuvent aujourd’hui toucher des savoirs fondamentaux comme la musique, le sport ou encore les œuvres d’art, sur fond de retour du tabou du blasphème chez certains élèves.

Plusieurs anecdotes rapportées au public ont illustré la situation actuelle :

  • des élèves de 5e ou de 6e se réjouissant à l’évocation d’assassinats ;
  • un professeur muté dans l’urgence après s’être fait menacer le 13 octobre 2023, pour avoir simplement contextualisé le conflit israélo-palestinien ;
  • des collégiens identifiant certains enseignants comme des cibles “à afficher” sur les réseaux.

Les intervenants ont retracé les grandes lois scolaires (1882, 1886, 2004) et partagé un sondage de la Fondation Jean Jaurès : deux tiers des Français estiment la loi de 1905 très bonne, mais 15 % jugent que le religieux devrait intervenir davantage dans la vie politique.

Côté formation, depuis l’impulsion de Jean-Michel Blanquer, 850 000 enseignants ont été formés aux principes républicains, mais 350 000 restent encore à accompagner.

Un hommage lucide, sobre et nécessaire — pour comprendre, et pour agir.

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