Étiquettes : Laïcité

Charlie Hebdo : « la République doit rester vigilante face aux menaces contre ses valeurs fondamentales »

par Marika Bret le 7 janvier 2025 Charlie Hebdo - 10 ans après
Dix ans après l’attentat contre Charlie Hebdo, Marika Bret, ancienne DRH du journal, revient sur cet événement tragique et les défis toujours actuels autour de la laïcité, de la liberté d’expression et de l’unité républicaine.
Laboratoire de la République : Dix ans après l'attentat contre Charlie Hebdo, pourquoi est-il encore essentiel d'en parler aujourd'hui ? Marika Bret : Ces commémorations sont primordiales. Elles servent à rendre hommage aux talents extraordinaires que nous avons perdus et à rappeler pourquoi ces tragédies ont eu lieu. Si nous ne comprenons pas les causes de ces événements, nous n'avancerons pas. Le 7 janvier 2015, c'était la conséquence d'une longue période de refus collectif de voir que nos valeurs et principes démocratiques étaient menacés. Charlie Hebdo avait alerté à maintes reprises sur la remise en cause de la laïcité et sur les attaques contre la liberté d'expression. Ces principes ne sont pas des évidences ; ils doivent être défendus constamment. Laboratoire de la République : Quels éléments ont précédé et conduit à ces attentats ? Marika Bret : Avant même les attaques, le journal était dans une grande solitude. Les locaux ont été incendiés avec deux cocktails Molotov en 2011 et le site du journal a été piraté, et notre critique de l’islam comme dogme religieux suscitait une hostilité intense. Charlie Hebdo a toujours critiqué les religions, qu’il s’agisse du catholicisme ou de l’islam. Mais la montée de l’islamisme, une idéologie totalitaire et mortifère, a conduit à une incompréhension et à des accusations infondées d’islamophobie. L'usage abusif de ce terme a façonné un climat où la critique des dogmes religieux était assimilée à du racisme, alors que le journal s’est toujours battu contre toute forme de discrimination. Si, en 2006, lors des procès des caricatures de Mahomet, tous les médias avaient publié ces dessins, cela les aurait rendus banals. Malheureusement, Charlie Hebdo était seul, et cette solitude a contribué à l’escalade qui a culminé avec l’attentat. Laboratoire de la République : Depuis ces événements, le niveau d’alerte a-t-il changé ? Marika Bret : Sur le plan militaire, des avancées ont été réalisées contre des organisations comme Daesh. Mais l’idéologie reste présente, notamment dans les têtes. Les attentats de masse ont diminué, mais la menace s’exprime différemment, par un travail de sape identitaire et antirépublicain. Ces discours, bien que minoritaires, sont souvent les plus bruyants. Il est essentiel de réaffirmer nos valeurs pour les contrer. Laboratoire de la République : Quel message souhaitez-vous transmettre à la jeunesse sur la laïcité ? Marika Bret : Il est crucial de rappeler que la laïcité garantit l’égalité entre tous, quelle que soit la religion. Malheureusement, certains jeunes sont persuadés qu’elle les stigmatise ou les empêche de pratiquer leur culte. Ce malentendu les place en opposition avec la République. Lorsqu’on explique clairement la laïcité, la liberté d’expression et l’égalité, la majorité comprend et adhère. Mais il reste une minorité influencée par des discours extrémistes. Les enseignants ont un rôle clé, mais ils doivent être soutenus. Quand des professeurs sont menacés ou insultés pour avoir respecté la loi, cela traduit un problème profond. Samuel Paty et Dominique Bernard ont payé de leur vie pour avoir transmis ces principes républicains. Il faut renforcer la protection fonctionnelle et offrir un appui clair et solide à nos enseignants. Laboratoire de la République : Vous parlez souvent de la « liberté de rire ». Peut-on rire de tout ? Marika Bret : Oui, on peut rire de tout, mais il faut se demander pourquoi. Le rire peut briser les tabous, éclairer des sujets graves et provoquer la réflexion. Par exemple, on peut traiter de la Shoah dans un dessin humoristique si cela vise à dénoncer l’horreur ou à combattre les discours négationnistes. Mais si le but est de banaliser ou de soutenir ces atrocités, cela devient inacceptable. Le dessin de presse a ce pouvoir unique de nous heurter, de nous faire rire et de nous faire réfléchir. C’est une arme puissante, mais elle n’est pas acceptée partout. Dans de nombreux endroits du monde, le rire est strictement limité par des interdits. Laboratoire de la République : Un dernier message ? Marika Bret : Ces commémorations suscitent en moi un mélange de chagrin et de colère. Nous avons perdu des êtres exceptionnels, et certaines trahisons politiques n’ont fait qu’accentuer ce sentiment. Pour lutter contre les extrémismes et réaffirmer nos principes républicains, il faut être précis, cultivé et intransigeant.

Du 29 au 31 août 2024 : Université d’été du Laboratoire de la République à Autun

le 23 août 2024 Visuel de l'Université d'été du Laboratoire de la République
Du 29 au 31 août, l'Université d’été du Laboratoire de la République prend ses quartiers à Autun, au cœur de la Bourgogne. Dans un contexte de crise inédite en France et à l’international, ces 3 jours permettront d’échanger et d’être force de proposition sur les grands enjeux auxquels notre République est confrontée. Ouverte à tous, cette première édition est placée sous le signe de la Jeunesse et de l’égalité des territoires.
Présentation_Universitédété_Laboratoire_de_la_RépubliqueTélécharger PROGRAMME_Université_d_été_Laboratoire_de_la_RépubliqueTélécharger Les inscriptions sont fermées. Quand ? Du 29 au 31 août 2024 Où ? À Autun Gare Le Creusot – Montceau TGV (à 30 min en voiture ou navettes de bus)TGV pour Paris Gare de Lyon : 1h20TGV pour Lyon : 40 minutes IMPORTANT : Pour trouver votre horaire de TGV sur le site SNCF Connect, indiquez en gare de destination « Le Creusot-Montceau TGV » (non pas « Autun »)

Jeudi 2 mai : Lancement de l’ouvrage collectif « Europe : maîtriser notre avenir. Les voies du renouveau »

par L'équipe du Lab' le 16 avril 2024 Ouvrage-collectif-europe 2 mai
Le 2 mai, le Laboratoire de la République présentera un ouvrage collectif, fruit des travaux des différentes commissions, d’experts et de personnalités. Celui-ci se propose de nourrir les débats en amont du scrutin sur neuf thèmes qui apparaissent fondamentaux pour l’avenir de la France et du projet européen.
À l'approche des élections européennes du 9 juin 2024, il est essentiel de nourrir nos réflexions sur les enjeux qui façonneront l'avenir de la France et du projet européen. C'est avec plaisir que nous vous convions au lancement de notre ouvrage collectif, fruit du travail collaboratif de plusieurs personnalités et auteurs issus des différentes commissions du Laboratoire de la République : « Europe, maîtriser notre avenir. Les voies du renouveau » Cet ouvrage aborde neuf thèmes essentiels qui sont au cœur des débats actuels : 1️⃣ Défense européenne 2️⃣ Position de l'Europe sur la scène internationale 3️⃣ Lutte contre les risques de fragmentation des États de l'Union 4️⃣ Pour une Europe offensive face à l’intolérance 5️⃣ Question migratoire 6️⃣ Impact de l'intelligence artificielle sur l'économie 7️⃣ Notre destinée numérique face au développement de l'IA 8️⃣ Renforcement de l'Europe sociale 9️⃣ Changement climatique et ses enjeux globaux et européens Nous aurons le privilège d'accueillir plusieurs auteurs lors de cet événement, qui sera l'occasion de partager les idées et propositions de cet ouvrage pour un avenir européen maitrisé. Les auteurs ayant participé à la rédaction (par ordre des chapitres) : Jean-Michel Blanquer, Loïc Finaz, Jean-Francois Cervel, Christian Lequesne, Benjamin Morel, Manuel Valls, Théa Augoula, Fatiha Chikhr Saïdi, Renée Fregosi, Véronique Grandpierre, Nathalie Krikorian-Duronsoy, Michel Lalande, Tarik Yildiz, Didier Leschi, Philippe Aghion, Simon Bunel, Nicolas Marescaux, Marin de Nebehay, Thierry Taboy, Louis-Charles Viossat et Jean-Michel Valantin. Quand ? Jeudi 2 mai, à 15h30 Où ? Maison de l’Amérique latine 217, Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris Participation libre, inscription obligatoire S'inscrire

Comprendre et échanger sur les enjeux de la laïcité à Orléans

par L'antenne du Loiret le 28 mars 2024 public_orleans
Le jeudi 28 mars, le Laboratoire de la République, en partenariat avec Orléoquence, a organisé un événement exceptionnel visant à décrypter les enjeux de la laïcité. Cette conférence, qui s'est déroulée en présence de nombreuses personnalités de renom, a suscité un vif intérêt auprès du public.
La salle rassemblait un public nombreux désireux de mieux comprendre les tenants et aboutissants de ce principe fondamental. Parmi les intervenants, on pouvait compter sur la présence de Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l’Éducation nationale et Président du Laboratoire de la République, ainsi que sur celle de Gilles Kounowski, Président du Laboratoire Loiret de la laïcité, et Didier Chavrier, vice-président de l'Université d'Orléans et référent laïcité. La particularité de cette conférence résidait dans l'intervention d'étudiants membres d'une association, qui ont proposé des jeux oratoires pour dynamiser et segmenter les différentes parties de la conférence. Cette approche ludique a permis d'engager le public de manière interactive et de rendre les concepts abordés plus accessibles. Tout au long de la conférence, les intervenants ont abordé divers aspects de la laïcité, allant de son histoire à ses implications dans la société contemporaine. Des discussions animées ont eu lieu sur des sujets tels que la laïcité à l'école, la place de la religion dans l'espace public, et les défis posés par les questions de multiculturalisme et de pluralisme religieux. Les échanges entre les intervenants et le public ont été riches et constructifs, témoignant de l'importance et de la complexité de la laïcité dans le contexte actuel. Enfin, cet événement a permis à chacun de mieux appréhender les enjeux fondamentaux liés à ce principe essentiel de notre société. Nous invitons toutes les personnes intéressées à nous rejoindre en nous écrivant : equipe@lelaboratoiredelarepublique.fr https://youtu.be/FQwtQMT2Otg?feature=shared

Mercredi 3 avril : Concours de plaidoyers à Lyon !

par L'antenne de Lyon le 26 mars 2024 event-Lyon
Mercredi 3 avril, le Laboratoire de la République, avec les Engagés de Lyon et le Parlement des Etudiants de Lyon, organise un concours de plaidoyers pour les étudiants à Lyon ! Venez débattre et apporter vos arguments sur les thématiques des 4 commissions du Laboratoire.
Ce concours gratuit s'adresse aux étudiants et étudiantes de Lyon, offrant une tribune unique pour exprimer votre vision sur l'une des quatre thématiques : La République indivisible La République laïque La République sociale La République démocratique Chaque participant et participante aura l'opportunité pendant 5 minutes, d’explorer et défendre l'un des sujets. Participez à ce concours afin de présenter et défendre vos idées en faveur de la République. À l'inverse d'un concours d'éloquence traditionnel, l'accent sera mis sur le fond de votre plaidoyer, jouant un rôle déterminant dans la sélection du lauréat. Le JURY: Jean-Michel BLANQUER : ancien ministre et Président du Laboratoire de la République Nina BOUFFET : Présidente des Engagés! Lyon Laetitia OLMOS : Directrice Auvergne Rhône-Alpes Simplon.co Thierry TABOY Head of Human Rights Issues Orange Lucas VALASTRO Président du Parlement des Étudiants de Lyon S'inscrire à l'évènement

La Laïcité plus que jamais au cœur de l’actualité de la République

par Michel Lalande le 15 mars 2024 Michel_Lalande
Vingt ans se sont écoulés depuis la promulgation de la loi encadrant le port de signes religieux dans les établissements publics d'enseignement, un moment décisif dans l'histoire de la laïcité en France. Alors que nous célébrons cet anniversaire, il est essentiel de rappeler les principes fondamentaux qui sous-tendent cette législation et de rester vigilants face aux menaces qui pèsent sur la laïcité aujourd'hui. En tant que responsable de la commission République laïque, Michel Lalande tient à souligner l'importance de préserver cet héritage précieux, garant de l'émancipation de l'individu et de l'égalité des hommes et des femmes.
Le 15 mars 2004 le Président de la République, Jacques CHIRAC, promulgue la loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Cette loi insère dans le code de l’éducation un article L 145-5-1 qui dispose que « dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou de tenues pour lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. » Ce texte rencontre une très large adhésion au Parlement puisqu’il est adopté par 297 voix pour et 20 contre au Sénat et par 494 pour et 36 contre à l’Assemblé nationale. Seules quelques milliers de personnes principalement à Paris avaient tenu à manifester leur opposition à ce texte au nom de la liberté de conscience. Ce texte marque un aboutissement en même temps qu’un nouveau point de départ pour la défense de la laïcité en France. L’aboutissement est celui d’une histoire qui éclate au grand jour en 1989 à Creil : le refus de trois jeunes collégiennes d’enlever leur voile en entrant au collège. Dans la polémique savamment orchestrée et médiatisée qui en suivit, le corps politique s’est déchiré et la gauche en particulier. La question du port du voile n’a cessé de prendre de l’ampleur au cours des années qui suivront à mesure que la réponse était laissée aux seuls chefs d’établissement, selon les conclusions de l’avis du 27 novembre 1989 du conseil d’État, après que le pouvoir politique de l’époque ait choisi, en pleine année du Bicentenaire de la Révolution, de se défausser.  La laïcité, affaiblie par cette épreuve, ne cessera d’être attaquée par les mouvements islamistes et il faudra attendre la loi du 15 mars 2004 pour qu’elle se retrouve réaffirmée, dans le système éducatif, de manière éclatante. Pour autant après cette victoire politique de la laïcité, les opposants ne désarmeront pas comme en témoignent les incidents qui ne cessent d’émailler la vie des services publics confrontés à des usagers, voire à certains de leurs propres salariés, qui chercheront par tout moyen à imposer la primauté du droit de chacun sur celui de l’une des valeurs constitutionnelles de la République. 20 ans suivant la loi du 15 mars 2004, le débat sur la laïcité est plus que jamais présent dans notre actualité comme l’a rappelé, par exemple, la question du port de l’abaya dans les établissement scolaires l’été dernier. La réponse politique forte a balayé la provocation. Il reste que toutes les embuscades seront bonnes pour diviser l’opinion et pour tenter de susciter la réprobation de telle ou telle comitologie onusienne. La laïcité est plus que jamais un défi pour notre pays mais aussi pour les États européens qui ont choisi, chacun selon leur histoire, la primauté du temporel sur le spirituel, le temporel étant le seul garant de la liberté de conscience. Dans la campagne des prochaines élections européennes, la laïcité associée à l’émancipation de l’individu, à l’égalité des hommes et des femmes, au refus des déterminismes sociaux et à la Fraternité, doit être plus que jamais promue en ayant présent à l’esprit cette phrase prophétique de Jean Jaurès : « la République doit être laïque et sociale mais restera laïque parce qu’elle aura su être sociale. »

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