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La voix de la jeunesse : valeurs républicaines et valeurs olympiques, quels liens et quelle promotion pour les JO de 2024 ?

le 22 juillet 2024
À l’occasion des Jeux olympiques, le Laboratoire de la République interroge certains de ses membres les plus jeunes. Swann, Layal et Charlotte partagent avec nous leurs opinions, observations et comparaisons entre les valeurs olympiques et celles républicaines. Ils font part de leur intérêt pour les Jeux olympiques de Paris qui commenceront le 26 juillet.
Le Laboratoire de la République : Participerez-vous ou assisterez-vous aux JO de 2024 ? Quel est votre intérêt pour cet événement ? Swann : Honnêtement, je suis partagé. D'un côté, je pense que c’est une occasion unique de vivre un moment convivial dans notre capitale, et nous devrions nous réjouir de cette chance. Toutefois, les contraintes financières et organisationnelles limitent mon intérêt dans ces jeux. Il aurait été appréciable d'avoir plus d'options pour obtenir des places gratuites ou à prix réduits pour la population française. Charlotte : Il y a peut-être une spécificité française là-dedans, mais j'ai entendu très peu de gens s'enthousiasmer à l'idée d'accueillir les JO, un événement rare à Paris. Cela pourrait être révélateur des valeurs de fraternité et d'unité que le sport est censé promouvoir. À part la Coupe du monde de football, qui est le dernier grand événement sportif où l'on voyait des drapeaux français et où les gens chantaient la Marseillaise, il n'y a plus grand-chose qui fédère autant. Aujourd'hui, les gens sont surtout mécontents à l'idée des JO à cause des coûts pour les contribuables. Layal : En France, nous sommes beaucoup moins unis autour du sport que les pays anglo-saxons, comme les États-Unis. Par exemple, pendant la pandémie de COVID, une équipe de hockey a pu voyager pour participer à un championnat, et tout le pays trouvait cela positif. Si cela s'était passé en France, nous aurions plutôt réagi en nous plaignant que les sportifs puissent voyager alors que nous ne le pouvons pas. Ce n'est plus vraiment dans notre culture de nous rassembler autour du sport, contrairement à ces pays. Swann : Teddy Riner avait souligné que le sport est en France relégué au second plan par rapport à d'autres pays. Pour moi, cela relève aussi des choix internationaux du Comité International Olympique. Les derniers JO ont été tellement politisés, avec une volonté de projeter une belle image, que cela a entraîné des crises financières en Grèce et au Brésil. Cela a un peu détourné l'image du côté sportif et de l'unité que les JO sont censés représenter. Le Laboratoire de la République : Les valeurs olympiques et républicaines sont-elles liées ? En quoi se ressemblent-elles ? Swann : Les trois valeurs de l’Olympisme sont l’excellence, l’amitié et le respect. Lorsqu'on pratique un sport en club, on réalise rapidement que malgré nos différences sociétales et culturelles, nous sommes unis derrière un même objectif. Cet objectif inclut non seulement la recherche de la victoire, mais aussi l'épanouissement personnel, l'entraide, la résilience et la capacité à se relever après une défaite. Même en cas de défaite, on peut partager un moment avec l'adversaire, ce qui nous renforce mutuellement et nous permet d'apprendre les uns des autres. C'est une expérience unique que l'on retrouve dans la pratique sportive. Ce qui est vraiment impressionnant avec les JO, c'est qu'en regardant les tribunes, on voit des drapeaux de tous les pays. Ce n'est pas seulement une compétition entre plusieurs équipes, mais un mélange de tous les pays, avec des supporters qui viennent représenter leurs couleurs et partager un moment sans qu'il n’y ait réellement de vainqueur ou de perdant à la fin. C'est un véritable moment de partage où nous sommes tous au même niveau, tous égaux. Layal : L'égalité entre hommes et femmes parmi les athlètes est un aspect particulièrement mis en avant cette année. Cette parité exacte montre un engagement fort pour l'égalité des genres dans le sport, ce qui est un véritable progrès vers une représentation équitable dans les JO. De plus, le Comité d'Organisation (COJO) a pris des mesures significatives pour sensibiliser les JO au développement durable. Ils ont mis en place des initiatives visant à rendre les Jeux plus durables sur le plan environnemental et social. Cela inclut la réduction de l'empreinte carbone, la gestion responsable des ressources et la promotion de pratiques durables dans tous les aspects de l'événement, depuis la construction des infrastructures jusqu'à la gestion des déchets et l'utilisation des transports. En intégrant ces valeurs d'égalité et de durabilité, les JO de cette année jouent un rôle important non seulement dans la promotion du sport de haut niveau, mais aussi dans la promotion des valeurs républicaines telles que l'égalité, la solidarité et la responsabilité environnementale. Charlotte : Le sport a toujours été une occasion de refléter également un idéal politique que l'on souhaite promouvoir ou communiquer, de la part des autorités à travers les choix qui sont faits. Cela reflète une certaine tendance politique ou un climat politique, même dans les choix relatifs à la cérémonie d'ouverture, la sélection des chanteurs, et d'autres décisions qui expriment une volonté gouvernementale. Les JO sont aussi un moyen d'expression et de tribune pour certains athlètes, leur offrant visibilité et une plateforme pour faire reconnaître leur sport. En France notamment, il y a eu récemment des exemples d'athlètes français qui ont saisi l'occasion des JO pour s'exprimer sur des sujets importants. Les Jeux paralympiques qui suivent bénéficient indirectement de cette visibilité, car il n'y aurait probablement pas d'autre compétition internationale qui réunirait autant de sponsors et de moyens pour mettre en valeur les athlètes. Les JO ne sont pas seulement une compétition sportive, mais aussi une plateforme culturelle et politique qui peut avoir un impact significatif dans la société. Le Laboratoire de la République : Comment ces JO 2024 en France peuvent-elles promouvoir les valeurs républicaines ? Swann : C'est vrai que l'ambiance et le climat autour des JO jouent énormément sur l'image renvoyée par les pays participants en matière de respect sportif. Je me souviens qu'aux JO de Rio en 2016, l'athlète français Renaud Lavillenie avait été hué dans les tribunes. Charlotte : Cela renvoie immédiatement une mauvaise image du public brésilien. Les JO sont une plateforme mondiale qui peut entretenir certains stéréotypes, notamment sur les Français qui sont parfois vus comme de mauvais joueurs ou de mauvais perdants. Par exemple, il y a eu cet incident avec le tennisman belge qui a essuyé des crachats de la part d’une partie du public après avoir battu un joueur français à Roland-Garros. Les valeurs républicaines prônent le respect et la fraternité, et c'est justement l'occasion de montrer ces valeurs. Layal : Les JO peuvent promouvoir l’engagement citoyen pour aider dans la tâche difficile d’organisation. J'ai postulé pour être bénévole mais je n'ai pas été retenue. Je voulais vraiment m'engager. Je pense que quand on est impliqué dans un projet, c'est une expérience unique. Contribuer à l'organisation des JO est quelque chose que l'on ne fait pas tous les jours dans sa vie. Les Jeux Olympiques sont l'occasion de rassembler les citoyens du monde entier au-delà de leurs nationalités. Swann Riché est étudiant en Master 1 Droit privé général à Paris-Panthéon-Assas, ancien membre du comité directeur de l'association sportive d'Assas. Layal Pages est étudiante en Master 1 Droit international à Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Charlotte Boutheroüe Desmarais est étudiante en Master 1 à l’ESCP.

Jean-Michel Blanquer : « Jamais l’offre politique n’a été autant en inadéquation avec la demande »

le 27 juin 2024 Jean-Michel Blanquer_Le_Point
EXCLUSIF. L’ex-ministre de l’Éducation nationale regrette que le « en même temps » soit apparu, à partir de 2022, comme une « série de zigzags ». Et juge la tripolarité « mortifère ».
Propos recueillis par Jérôme Cordelier Publié le 26/06/2024 à 06h20, mis à jour le 26/06/2024 à 08h07 Jean-Michel Blanquer sort du silence. Celui qui fut un des piliers du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, au poste stratégique de ministre de l'Éducation qu'il a occupé de bout en bout durant cinq ans (longévité record), ne s'était pas exprimé depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République. En exclusivité pour Le Point, le professeur de droit public à l'université Paris 2 Panthéon-Assas et fondateur du cercle de réflexion et d'action Laboratoire de la République tire les premiers enseignements politiques et institutionnels du séisme politique que nous vivons. Jean-Michel Blanquer sort du silence. Celui qui fut un des piliers du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, au poste stratégique de ministre de l'Éducation qu'il a occupé de bout en bout durant cinq ans (longévité record), ne s'était pas exprimé depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République. En exclusivité pour Le Point, le professeur de droit public à l'université Paris 2 Panthéon-Assas et fondateur du cercle de réflexion et d'action Laboratoire de la République tire les premiers enseignements politiques et institutionnels du séisme politique que nous vivons. Le Point : On ne vous a pas entendu depuis le choc de la dissolution. Pourquoi ? Vous avez été sidéré par cette décision comme nombre de Français ? Jean-Michel Blanquer : Il faut prendre le temps de la réflexion avant de s'exprimer. Les circonstances sont graves. Elles exigent de parler avec parcimonie et justesse si l'on veut être entendu et si l'on cherche ce qui permettra à la France de sortir par le haut de cette crise. Vous qui avez été l'un des piliers des gouvernements Macron pendant cinq ans, quelle lecture faites-vous de la confusion politique actuelle ? Jamais l'offre politique n'a été autant en inadéquation avec la demande politique. J'ai le sentiment que trois Français sur quatre veulent pour l'essentiel la même chose : une société avec plus d'ordre et de justice, un pays qui saurait mieux maîtriser son destin par une ligne claire et équilibrée. Or, ils n'ont pas les canaux politiques pour réaliser cette attente. C'était la promesse de 2017. À mes yeux, elle garde toute sa valeur mais elle a été perdue en chemin. En premier lieu, il y a eu une déstructuration de l'offre politique à partir du moment où le « en même temps » est apparu, en 2022, comme une série de zigzags au lieu d'être un dépassement des clivages par le haut. Cela supposait en particulier une ligne républicaine claire, simple et constante. J'ai été l'un des inspirateurs et des fermes soutiens du discours des Mureaux d'octobre 2020. Si cette ligne d'autorité républicaine avait été tenue jusqu'à aujourd'hui, il y aurait eu en 2022 une majorité absolue et nous serions actuellement dans une situation stable et sereine. « Le face-à-face macronisme-lepénisme ne peut rien porter de bon. Et la tripolarité avec une gauche inféodée à LFI est plus mortifère encore. On doit rétablir de la biodiversité politique. » En second lieu, l'offre politique est confuse parce qu'on a laissé monter les extrêmes, ce qui a d'abord détruit la gauche et la droite républicaines et menace maintenant le centre. Le face-à-face macronisme-lepénisme ne peut rien porter de bon. Et la tripolarité avec une gauche inféodée à LFI est plus mortifère encore. On doit rétablir de la biodiversité politique. Cela signifie que l'on doit appeler l'électorat, non pas à un front républicain, mais à un vote pour les partis républicains. Ce n'est pas la même chose. Il faut desserrer l'étau. Il faudra ensuite des coalitions saines permettant de gouverner le pays. Aujourd'hui, chaque circonscription est un cas particulier. Et la seule certitude est qu'il faut empêcher à tout prix les duels de deuxième tour entre le soi-disant « Nouveau Front populaire » et le soi-disant « Rassemblement national ». Au passage, notons que jamais deux noms n'ont été si mal portés. Édouard Philippe, François Bayrou, Bruno Le Maire et même Gabriel Attal ont pris leur distance avec le chef de l'État. Et vous ? J'ai une âme de mousquetaire. Je ne lâche jamais une cause ou un être que je sers. Mais, dans mon cas, c'est le président qui a pris ses distances parce que ma ligne agaçait par son républicanisme intransigeant. Édouard Philippe a pour la première fois acté sa rupture avec Emmanuel Macron en lui reprochant d'avoir « tué (sa) majorité ». Il a raison ? Ces questions devront être traitées et approfondies après les élections législatives. Ce qui compte maintenant, c'est que les forces républicaines l'emportent dans un maximum de circonscriptions. Gabriel Attal joue-t-il pour son camp ou pour lui-même ? Gabriel Attal a des talents de communication que personne ne conteste. Ils n'ont pas servi à empêcher la montée du RN, dont l'écart avec Renaissance a triplé de janvier à juin. Espérons que son implication actuelle sera plus efficace pour son camp. Peut-on éviter que ces élections se réduisent à un affrontement RN LFI ? Oui ! C'est une question de volonté. Encore une fois, c'est un enjeu d'offre politique. La proposition du camp républicain ne peut pas n'être que défensive. Ce ne doit pas être seulement d'empêcher les extrêmes d'arriver au pouvoir. Elle doit correspondre à un projet de société. L'environnement, l'éducation, la santé, la sécurité sont les piliers de cette définition d'un bon avenir pour nos enfants. Il y a tant de choses à proposer. Les idées ne manquent pas. Nous sortirons de cette nasse par un nouveau projet de société, pas en nous enfermant uniquement dans la lutte contre les extrêmes. Le retour à l'équilibre des comptes passera par un changement complet d'approche de la dépense publique. Nous dépensons beaucoup trop pour réparer et pas assez pour investir. La prise en compte des grandes révolutions de notre temps, je pense surtout à l'intelligence artificielle, et des grands défis présents – environnementaux et géopolitiques en particulier – appellent à une nouvelle créativité politique. C'est pourquoi la recomposition politique devra être totale. Pensez-vous qu'une coalition de modérés soit encore possible ? Qui pourrait l'incarner ? Oui, une coalition de modérés est possible. Mais aujourd'hui, il faut surtout avoir le sens du collectif. L'incarnation ne doit pas précéder le projet. Il y a plus le trop-plein que le vide en la matière. N'excluons pas l'hypothèse d'une personnalité neuve en mesure de fédérer des forces différentes. Bernard Cazeneuve, Manuel Valls et Jérôme Guedj sont les trois seuls à avoir dénoncé l'accord du Nouveau Front populaire avec LFI. Pourquoi sont-ils si isolés à gauche ? Ces trois hommes sont très estimables. Ils ont sauvé l'honneur de la gauche. C'est certainement avec eux qu'il faudra compter pour qu'elle se reconstruise sur des bases saines. Le Nouveau Front populaire est un déshonneur pour ceux qui viennent de s'y adonner. Ils usurpent un nom glorieux pour une cause honteuse. Comment au XXI siècle peut-on s'associer à un parti dont l'antisémitisme est malheureusement avéré ? ! Qu'auraient dit les mêmes si des personnalités de droite avaient fait le même calcul ? On peut paraphraser la formule utilisée envers les munichois : « Ils ont perdu et leur honneur et la guerre. » Car s'asseoir sur ses valeurs est non seulement une faute morale mais aussi une erreur stratégique. Former un cartel purement électoral pourrait ne pas être productif pour la gauche. Et totalement contre-productif pour vaincre l'extrême droite, cela, c'est certain. Trop souvent, nous aurons le cas d'un candidat « Front populaire » se qualifiant pour le second tour qui s'effondrera face au RN alors qu'un candidat des forces républicaines l'aurait emporté. On est donc en présence d'un cynisme au carré. Voter Nouveau Front populaire, c'est, premièrement, cautionner l'alliance avec des antisémites, et, deuxièmement, favoriser le Rassemblement national. Cela devrait faire réfléchir nombre d'électeurs de gauche. Le leadership doit complètement changer de ce côté-là. Il est inouï de voir des « chefs » transformer l'or de 14 % à l'élection européenne en plomb de la soumission aux Insoumis. Vous qui venez de la société civile, croyez-vous encore à la politique ? Oui, bien sûr. Affirmer le contraire n'aurait aucun sens. Qu'est-ce que la politique sinon la réunion des citoyens pour définir ensemble un destin commun. Notre société est travaillée par l'individualisme, le communautarisme et le matérialisme. Elle se détériore à cause de cela et cela laisse la place aux extrêmes qui bénéficient de l'angoisse ainsi créée. Il faut plus que jamais retrouver le sens du contrat social. « Parmi d’autres idées, je finis par me demander s’il ne faudrait pas introduire dans la Constitution l’exigence d’avoir exercé une activité professionnelle pendant au moins dix ans pour accéder à une fonction gouvernementale. » De nombreux Français sont affligés par le spectacle que donnent les responsables politiques, toutes tendances confondues. Et vous ? On ne retient que ce qui est affligeant. Le bien ne fait pas de bruit. Il y a pourtant de nombreux responsables politiques qui agissent pour le bien commun. Cela se voit à l'échelle locale. À l'échelle nationale, il n'y a pas moins de vertus. Mais elles sont plus attaquées. Tout tire vers le bas par l'excitation des passions, l'esprit de dérision, la critique caricaturale. La dévalorisation de la fonction politique risque d'éloigner les profils les plus valables. Parmi d'autres idées, je finis par me demander s'il ne faudrait pas introduire dans la Constitution l'exigence d'avoir exercé une activité professionnelle pendant au moins dix ans pour accéder à une fonction gouvernementale. La domination de la logique de communication est délétère. Vous qui êtes professeur de droit public et constitutionnaliste percevez-vous une crise de régime ? Il y a la lettre et l'esprit des institutions. Les deux doivent être respectés. L'article 12 – qui permet la dissolution – fait partie des « pouvoirs propres » du président, de ces prérogatives qu'il peut exercer sans contreseing des ministres. Mais pouvoir propre ne veut pas dire pouvoir discrétionnaire. Dissoudre un soir d'élection est un contresens. Cette décision ouvre une cicatrice d'un siècle et demi. En 1877, l'usage de la dissolution par le président Mac Mahon avait abouti à une crise de la III République naissante et à une éclipse de la fonction présidentielle jusqu'à 1958. Les dissolutions ont été très rares depuis 1955 et un recours exceptionnel à l'initiative d'Edgar Faure. Elles ont servi à résoudre des désaccords entre l'exécutif et le Parlement, à aligner une majorité parlementaire sur une nouvelle majorité présidentielle ou à faire trancher par les urnes des troubles dans la société. Déjà, la dissolution de 1997 avait été mal fondée et aurait dû servir de cuti de rappel. Le président aurait pu dissoudre à la rentrée pour tenir compte d'une éventuelle impasse parlementaire. Cela aurait été naturel et compréhensible. Mais on ne fait pas arbitrer une élection – dont on a dit en plus à l'avance qu'elle ne concernait que l'Europe – par une autre élection. La dissolution n'est pas faite pour cela. Cela peut ouvrir une crise de régime. Cela dépend de nous. Prenons garde de ne pas perdre au passage ce que les institutions de la V République gardent de très précieux pour nous dès Mais on ne fait pas arbitrer une élection – dont on a dit en plus à l'avance qu'elle ne concernait que l'Europe – par une autre élection. La dissolution n'est pas faite pour cela. Cela peut ouvrir une crise de régime. Cela dépend de nous. Prenons garde de ne pas perdre au passage ce que les institutions de la V République gardent de très précieux pour nous dès lors que l'on en fait bon usage. Lire : EXCLUSIF. Jean-Michel Blanquer : « Jamais l’offre politique n’a été autant en inadéquation avec la demande » (lepoint.fr) Crédit photo : © Gregoire Elodie / BLANQUER-Gregoire Elodie/ABACA

Décryptage de l’actualité démocratique à l’approche des élections législatives

par L'équipe du Lab' le 27 juin 2024 photo du 26 juin et décryptage des élections législatives
Mercredi 26 juin, à la maison de l’Amérique latine, Jean-Michel Blanquer, Benjamin Morel et Brice Couturier se sont réunis afin de décrypter les enjeux des élections législatives et la situation politique suite à la dissolution.
Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Éducation nationale et président du Laboratoire de la République, Benjamin Morel, maître de conférences en droit public, et Brice Couturier, journaliste et essayiste, ont offert leur expertise sur la situation politique et électorale suite à la récente dissolution de l'Assemblée nationale. La discussion a principalement porté sur les implications de cette dissolution, les enjeux du prochain scrutin et la nécessité d’une véritable mobilisation citoyenne. Chaque intervenant a apporté une perspective permettant une analyse approfondie du contexte politique actuel et des défis à venir pour la République. L'événement a été un succès, attirant une audience attentive et engagée, soulignant l’importance du débat public et de la participation citoyenne en ces temps de turbulences politiques. https://youtu.be/FzEmeHcgH38

Changement ! Ce soir, décryptage de l’actualité démocratique et politique de la France

le 26 juin 2024 Evènement remplacé_conversation_eclairee_Dominique_Schnapper
RDV ce soir 19h à la maison de l’Amérique latine! Dominique Schnapper, souffrante, ne pourra malheureusement être présente. Néanmoins le contexte politique nécessite une analyse et une véritable mobilisation citoyenne. Le Laboratoire de la République réunit Jean-Michel Blanquer, Benjamin Morel, Chloé Morin, Brice Couturier afin de décrypter les enjeux du scrutin et la situation politique suite à la dissolution.
RDV ce soir 19h à la maison de l’Amérique latine ! Dominique Schnapper, souffrante, ne pourra malheureusement être présente. Néanmoins le contexte politique nécessite une analyse et une véritable mobilisation citoyenne. Le Laboratoire de la République réunit Jean-Michel Blanquer, Benjamin Morel, Chloé Morin, Brice Couturier afin de décrypter les enjeux du scrutin et la situation politique suite à la dissolution. Lire l'article du Point "Jean-Michel Blanquer : « Jamais l’offre politique n’a été autant en inadéquation avec la demande »"

Les élections européennes du 9 juin sont-elles si importantes ?

par L'antenne de Lille le 4 juin 2024 election_européennes_9_juin
Ce 9 juin, les citoyens français et européens sont appelés aux urnes afin de renouveler les députés siégeant au Parlement européen. Le Parlement européen sera composé ce dimanche soir de 720 eurodéputés représentants la population des 27 pays membres de l’Union européenne. Dans l’hémicycle, les eurodéputés sont rassemblés au sein de sept principaux groupes composés des forces politiques des pays respectifs. Aujourd’hui, le groupe majoritaire au Parlement européen est le Parti Populaire Européen (PPE), représenté par le parti Les Républicains (LR) en France. Même si ce dernier n’est qu’en majorité relative, il a pour mission d’élire le Président de la Commission européenne, chef de « l’exécutif européen ». Parmi les 720 eurodéputés, 81 sont français. Et cette année, ce ne sont pas moins de 38 listes déclarées candidates qui s’affronteront pour obtenir le plus de sièges possibles. Néanmoins, les Français accordent à ces élections un intérêt mesuré, pour ne pas dire maigre. C’est pourtant l’élection qui change sûrement le plus leur vie quotidienne… Explication
Un vote à l’importance capitale En dépit de ce que la plupart des personnes pensent, les élections européennes sont peut-être les élections les plus importantes après l’élection présidentielle en France. En effet, les lois européennes prévalent sur les lois françaises : c’est ce que l’on appelle la primauté du droit européen. Cela signifie que les traités, les lois et les règlements votés au Parlement européen ou les décisions de la Cour de justice de l’UE s’appliquent à l’ensemble des pays membres. Et cela a un impact majeur sur la vie des Français puisque de nombreux textes sont votés à l’échelle européenne. Pour donner quelques exemples, on peut évoquer le règlement général sur la protection des données (RGPD) qui est une réglementation européenne qui restreint considérablement l’exploitation des données numériques et donc l’expérience des utilisateurs européens sur Internet. On peut également parler du Pacte Vert (Green Deal) qui contient une série de proposition visant à atteindre la neutralité carbone au sein de l’UE en 2050. Ce pacte exerce une influence considérable sur les entreprises, lescollectivités et les États membres. Mais l’Union européenne se démarque aussi à travers des actions en faveur de la santé. Que ce soit à travers la commande groupée de vaccins pour protéger les citoyens européens lors de la crise de la COVID-19, la recherche européenne ou le plan « l’UE pour la santé », l’Europe agit aussi sur ce sujet qui concerne et touche fortement la population. L’impact sur la vie quotidienne des Français est donc importante, et ce sans parler des nombreuses lois touchant à l’agriculture, l’alimentation, la monnaie, le commerce international… De même, l’Union européenne possède un rôle géopolitique en prenantposition dans des conflits internationaux, comme récemment la guerre Russo-Ukrainienne, en sanctionnant économiquement la Russie et en soutenant militairement et financièrement l’Ukraine. Les enjeux des 5 prochaines années La prochaine mandature se verra enchaîner de nombreux sujets cruciaux et déterminants pour le futur de l’Europe. Parmi eux, la défense européenne fait figure de priorité dans un contexte géopolitique explosif comme celui-là. Dans le même registre, on retrouve également la lutte contre les ingérences étrangères qui fragilisent les démocraties occidentales et polarisent les débats. Ces mesures s’associeront à des réformes encourageant la croissance économique et industrielle pour permettre à l’Europe de peser face aux puissances américaines et chinoises. Cependant, les défis de notre monde ne se concentrent pas uniquement sur cette dimension internationale. L’encadrement et le développement de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies viseront à faire de l’Union européenne un précurseur en la matière. Au-delà des traditionnelles questions liées à l’agriculture et à la pêche, les enjeux migratoires aux frontières de l’Europe seront abordés. Enfin, de nouvelles mesures visant à lutter contre le réchauffement climatique à l’échelle européenne et internationale seront proposées, de la même manière que des législations de protections de la biodiversité. En réalité, aucun de ces sujets n’est inscrit dans le marbre. Des visions fondamentalement opposées s’affrontent lors de ces élections pour faire basculer les débats sur certains sujets, au détriment des autres. Se forger une opinion est donc essentiel pour envoyer des eurodéputés qui correspondent à notre propre vision de l’Europe. Pour défendre ses convictions sur ces enjeux majeurs et porter la voix de la France au Parlement européen : rendez-vous ce dimanche 9 juin. Killian HOURDEL, pour Le Laboratoire de la République (Antenne de Lille)

La voix de la jeunesse : quels défis et quelles représentations de l’Union européenne ?

par L'équipe du Lab' le 23 avril 2024 trois jeunes du Laboratoire de la République pour des questions européennes
Dans le cadre des élections européennes, le Laboratoire de la République interroge certains de ses membres les plus jeunes pour recueillir leur vision de l'Union européenne (UE), les défis qu'elle doit relever et leurs attentes vis-à-vis des prochaines élections. Dans cet entretien croisé, Emma, Carla et Théo partagent avec nous leurs opinions et leurs perspectives sur l'avenir de l'Union européenne.
Le Laboratoire de la République : Que représente l’Union européenne, pour vous, en tant que jeunes citoyens européens ? Théo : Lorsque l'on évoque l'Europe, il est impossible de ne pas mentionner Erasmus pour les étudiants. Ce programme, parmi d'autres initiatives de l'Union européenne, se révèle particulièrement intéressant. Je pense aussi aux subventions accordées pour de multiples projets publics ou associatifs. Cela démontre que l'Union européenne constitue une ressource précieuse pour les États membres. Cependant, il est essentiel de reconnaître la montée de l'extrême droite, symbolisée par des figures telles que Viktor Orbán, qui suscite des inquiétudes quant à l'avenir de l'Union européenne. Carla : À la rentrée prochaine, je participerai à un programme Erasmus, et j'envisage la Suède comme destination. Je suis très enthousiaste à l'idée de perfectionner mon anglais tout en découvrant une nouvelle culture. C'est une opportunité unique qui pourrait ne pas se représenter. En discutant avec d'autres jeunes, même ceux qui ne sont pas dans le domaine des sciences politiques, je constate un manque d'informations sur les avantages concrets de l'Union européenne en dehors du programme Erasmus. Bien sûr, nous savons qu'elle favorise le progrès économique et social à l'échelle nationale, ainsi que les alliances et le libre-échange. Cependant, en tant que jeunes, nous ne sommes pas suffisamment informés sur les bénéfices tangibles de l'UE, ce qui peut nous décourager de nous impliquer, par exemple, dans le processus électoral. Nous percevons surtout l'Union européenne comme une grande entité technocratique, sans réellement saisir ses bienfaits au quotidien. L'accès à la connaissance de l'Union européenne est limité aux parcours académiques spécifiques tels que la science politique, le droit, les relations internationales, voire les cursus universitaires spécialisés dans le domaine. Cependant, au niveau du collège, du lycée et dans d'autres filières, il n'existe pas de cours ou de formations sur le fonctionnement de l'Union européenne. Dans les cours d'éducation morale et civique, il faut renforcer l'enseignement sur ce sujet, en particulier en expliquant le fonctionnement des institutions européennes, leur utilité et ce qu'elles ont déjà accompli. Cela aiderait les élèves à envisager leur potentiel futur rôle. En outre, à court terme, je pense qu'il serait bénéfique de trouver des personnalités, telles que des porte-parole, influenceurs ou youtubeurs, auxquelles les jeunes pourraient s'identifier. Emma : Pour moi, l'Union européenne représente une plateforme de coopération politique, économique, et géopolitique, avec un accent particulier sur la garantie de sécurité et la coopération dans divers domaines, tels que le changement climatique. Bien que l'UE puisse parfois imposer des lois uniformes sans tenir compte des spécificités nationales, je considère que ses impacts sont généralement positifs, favorisant le changement collectif. En ce qui concerne la résolution de conflits et le changement climatique, je crois fermement que ces problèmes doivent être traités collectivement au niveau européen, étant donné leur nature mondiale. L'UE peut jouer un rôle crucial dans des domaines tels que la défense et la diplomatie, renforçant ainsi son influence sur la scène mondiale. Concernant le changement climatique, je soutiens l'idée que l'UE devrait prendre des mesures préventives, en encourageant également les pays moins développés à s'engager dans des initiatives collectives. Cependant, il est essentiel de maintenir l'identité propre à chaque gouvernement au sein d'une Europe des nations, où les décisions partagées n'exercent pas de domination, mais ont tout de même un impact significatif sur la vie quotidienne et la gouvernance nationale. Le Laboratoire de la République : Quels défis doit-elle surmonter aujourd’hui ? Carla : Selon moi, le principal défi actuel est le coût de la vie. En tant qu'étudiante, je pense que nous sommes particulièrement concernés par cette question. C'est un défi crucial que l'Union européenne doit sérieusement considérer, comme cela a été récemment mis en évidence, notamment par les manifestations des agriculteurs. Théo : Effectivement, l'Union européenne exerce un rôle de régulateur sur le marché agricole. Cependant, je crois que certains enjeux restent méconnus, car il est essentiel de se rappeler que l'Union européenne repose avant tout sur ses institutions, notamment la Cour de justice. Cette institution est chargée d'interpréter et d'appliquer les traités, mais nous observons parfois un non-respect de ces traités de la part de certains États, entraînant des sanctions. Cela soulève des questions sur la santé démocratique de ces États, une problématique à laquelle l'Union européenne doit s'atteler. Carla : Je partage également cette opinion, et je viens de réaliser qu'il existe un enjeu crucial en matière de désinformation et d'intelligence artificielle, auquel l'Union européenne doit absolument s'attaquer. Emma : L’Union européenne doit maintenir une cohésion face à la montée des grandes puissances. Je pense qu’en forgeant une identité européenne solide, les défis géopolitiques allant des guerres au changement climatique peuvent être surmontés. Particulièrement étant donné que je vis en Angleterre, je sens que le fait de manifester contre le Brexit a renforcé l’identité européenne des jeunes. Récemment, j’ai également pris part à une discussion sur la jeunesse européenne, où plusieurs d’entre nous, Anglais, avons exprimé un certain déni face au Brexit. Nous avons souligné que notre identité européenne dépasse les décisions politiques prises par nos dirigeants, et que, peu importe le contexte politique et les orientations de nos gouvernements, nous sommes unis par des valeurs communes et des objectifs pour l’avenir. Le Laboratoire de la République : Quelle est votre opinion sur le sens des élections européennes pour l'avenir de l'Union européenne ? Considérez-vous qu'il est crucial de participer à ces élections ? Emma : Oui, je prévois d’aller voter, c’est certain. Même en tant qu’expatriée en Angleterre, je demeure française et donc européenne. Je pense qu’il est crucial de comprendre l’importance de cet enjeu. Pour être franche, les prévisions indiquent que le parti d’extrême droite français remportera ces élections, ce qui rend d’autant plus essentiel de se rendre aux urnes. Ce qui m’inquiète également, c’est la présidence du Conseil par le gouvernement hongrois, à partir de juillet 2024, reconnu pour son recul démocratique. Cela renforce l’urgence de voter et de soutenir des candidats partageant nos valeurs, ceux qui promouvront les résolutions économiques, sociales et écologiques que nous aspirons à voir mises en œuvre, plutôt que de laisser les partis extrémistes freiner notre progrès dans ces domaines. Il est nécessaire de créer une opposition afin que nos opinions soient représentées au Parlement européen, et que ces partis extrémistes ne dominent pas le paysage politique. Avec la possibilité que Trump soit réélu dans l’année à venir, il est crucial que nos représentants continuent à soutenir l’Ukraine en fournissant une aide militaire, économique et diplomatique. Il est donc primordial pour moi de m’assurer que les personnes pour lesquelles je vote maintiendrons cette position, d’autant plus que l’Union Européenne sera le seul véritable fournisseur d’aide à l'Ukraine dans le cas de la réélection de Trump. Théo : Il serait pertinent d'effectuer un sondage pour évaluer le niveau de connaissance des jeunes sur le fonctionnement de l'Union européenne, notamment en identifiant quelles institutions sont associées aux élections européennes. Il est clair qu'il existe une confusion, comme l'exemple récent où Emmanuel Macron a présidé le Conseil européen, qui n'est pas le Parlement européen. Il est donc crucial de clarifier les rôles de chaque acteur au sein de l'Union européenne. Étant donné que le Parlement européen prend des décisions, il est essentiel de voter. Il est préoccupant de constater que de nombreux populistes accèdent à des sièges au Parlement, ce qui est incohérent avec leurs discours et les attentes qui leur sont fixées en tant qu'élus. Il est nécessaire de rendre les connaissances sur l'UE plus accessibles, tout en veillant à ce que cette démarche ne se réduise pas à des confrontations politiques superficielles, mais englobe également des débats de fond. Carla : C'est la première fois que je voterai. Il est important de participer aux élections européennes, car le résultat de ces élections influencera également la politique nationale en France. Si nous laissons l'extrême droite remporter ces élections, cela ouvrirait la voie à leur victoire à la prochaine élection présidentielle. C'est une raison majeure pour laquelle il est primordial de voter, en plus des actions que peut entreprendre l'Union européenne. Emma Vidal de Saintignon est étudiante en Science politique et en relations internationales à l'University College de Londres. Elle est impliquée dans des associations diplomatiques et de relations internationales. Carla Diaz est inscrite en première année de licence de science politique et est également membre du journal Lill’bertin de l’Université de Lille. Théo Fouquer travaille pour la Fondation de la Catho de Lille, où il se charge de récolter des fonds (mécénat). Il a obtenu sa licence en sciences, technologie et santé, et il vient de commencer un master en sociologie, spécialisé en Économie Sociale et Solidaire, à l’Université Catholique de l’Ouest qui se situe à Angers, en parallèle d’un double cursus en école de commerce (ESSCA)

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