Rubrique : République indivisible

Urgence de réactiver les vigilances républicaines face aux extrémismes et aux complotismes

par Jean-Philippe Moinet le 26 septembre 2023
A l'occasion de la sortie de son roman : "Un journal sous influence", Jean-Philippe Moinet, journaliste, fondateur de l'Observatoire de l'extrémisme et fondateur-directeur de la Revue civique, prône la réactivation des vigilances républicaines face aux complotismes et aux extrémismes.
Le Laboratoire de la République : Votre roman est une plongée, assez mouvementée, dans le monde politique et médiatique, à travers un personnage principal, Myriam, grand reporter politique. Pourquoi avoir écrit ce livre ? Jean-Philippe Moinet : Je l’ai d’abord écrit par plaisir, celui qu’offre l’écriture romanesque, qui est une vraie évasion pour l’auteur que je suis et, je l’espère, pour les futurs lecteurs et lectrices. Ensuite, il me tenait particulièrement à cœur de dépeindre de cette manière le « merveilleux » monde politique et médiatique français, que je connais bien et côtoie depuis plus de trente ans, univers particulier avec ses passions (humaines), ses grandeurs (de convictions) et ses (gros) travers aussi. La liberté qu’offre le roman débouche naturellement sur des personnages et des tranches de vie qui relèvent de la totale fiction. Mais certains personnages, comme « Z le xénophobe » et quelques autres se reconnaîtront. Je décris aussi quelques coulisses par exemple de l’Elysée, d’une rédaction d’un grand quotidien national et de certains plateaux TV aussi. Le roman permet de mettre en scène des personnages, des épisodes et des tendances de notre vie publique, il permet aussi de mettre en perspective certaines problématiques, présentes dans notre espace démocratique. Le Laboratoire de la République : Quelles problématiques actuelles avez-vous voulu mettre en perspective ? Jean-Philippe Moinet : Il y en a plusieurs, comme l’éthique journalistique, la probité en politique ou la xénophobie, cette peste – pour reprendre le mot camusien – qui a tendance à dangereusement se propager dans l’espace public. J’avais amorcé l’écriture de ce livre il y a plus de dix ans, à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, Président auprès duquel sévissait un ex-lepéniste (proche de Jean-Marie Le Pen), Patrick Buisson, mu en « sondologue » très influent, au point où le chef de l’Etat d’alors l’avait intronisé à l’Elysée et parlé de lui comme de son « hémisphère droit » ! C’est le même homme qui, depuis 25 ans, militait pour une acception très particulière, racialiste, de « l’identité nationale » française. J’ai donc amorcé l’écriture de ce roman à cette époque, puis j’ai mis mon manuscrit de côté pendant des années. Je l’ai repris en 2022, finalisé en janvier 2023. Et j’avoue que je n’imaginais pas que ma fiction serait à ce point rattrapé, l’été dernier, par l’actualité ! La crise du JDD en particulier a marqué, à mes yeux, une bascule historique, grave et inquiétante. Ce titre, depuis 75 ans, était lu et apprécié le dimanche à la fois par des lecteurs de droite, de gauche et d’autres qui ne s’inscrivent pas dans un quelconque camp politique. La direction de ce titre a été confiée à une personne, Geoffroy Lejeune, licenciée en 2023 de la direction de la rédaction d’un hebdomadaire déjà classé à l’extrême droite pour avoir opéré une dérive idéologique allant à l’extrême droite de l’extrême droite ! Et il est venu, en août dernier, prendre la direction de ce grand journal, entouré notamment d’une proche collaboratrice elle-même passée par le journal « Présent », qui est dans le noyau le plus dur de l’extrême droite, à tendance raciste, antisémite et révisionniste. Du jamais vu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en France. Cela dit évidemment quelque chose d’inquiétant concernant les dérives de notre paysage politique et médiatique. Où l’on voit par exemple un Eric Zemmour, utiliser des thèses complotistes – celle du « grand remplacement » par exemple  - sans le moindre scrupule, alors que ces thèses insensées étaient, il y a quelques années encore, cantonnées aux marges de notre vie publique. Le même polémiste xénophobe professionnel et ses amis (où l’on retrouve Geoffroy Lejeune) – polémiste que je décris précisément dans mon livre – osant aussi prétendre que le régime collaborationniste de Pétain « a sauvé les juifs » de France, ceci contre les plus grands travaux d’historiens et contre tous les témoignages des rescapés des camps de la mort et de leurs familles, documentés par exemple au Mémorial de la Shoah. Nous assistons actuellement à des basculements de notre mémoire collective et de la conscience historique, dont il faut fortement se méfier. Parce que ce sont les mêmes qui trahissent les réalités historiques, qui en viennent à nier les réalités d’aujourd’hui, qu’il s’agisse des actuels crimes de guerre de Poutine en Ukraine ou des réalités sociales ou sociétales, totalement caricaturées, par exemple en ce qui concerne les migrations, qui n’ont rien à voir avec une quelconque « invasion », contrairement à ce que prétend bruyamment la propagande déversée par l’extrême droite sur les réseaux sociaux mais aussi sur certaines grandes ondes et maintenant dans certains journaux grands publics.  Mon livre évoque ces enjeux devenus très (et trop) actuels. Une manière, par le roman, de s’en prémunir. Le Laboratoire de la République : Mais le roman est-il une bonne manière de traiter ces sujets importants ? Jean-Philippe Moinet : Je pense, au stade d’expériences que j’ai pu accumuler par exemple en matière d’écriture journalistique, qu’il n’y a pas de mauvaises manières ou de mauvais registres pour traiter des sujets, y compris les plus sérieux ou les plus importants. Ce roman évoque d’ailleurs bien d’autres choses, bien plus légères, des histoires d’amours, des traits d’humour, une intrigue totalement fictive autour d’une affaire politico-financière de dimension internationale qui secoue au plus haut niveau de l’Etat, et dans laquelle interfèrent des services de renseignements pouvant être instrumentalisés. L’évasion romanesque est un beau transport de l’esprit humain, je m’y suis attelé avec plaisir certain et un certain goût, qui ne fait sans doute que commencer pour moi. Et oui, je pense que pour aiguiser une vigilance républicaine, dont notre époque a grand besoin, oui, le roman peut aussi faire partie des bons moyens pour transmettre à la fois les fruits d’une expérience et des messages utiles pour l’avenir.   Son entretien à voir sur notre chaîne Youtube : https://youtu.be/lc8WweBRgwU Entretien avec J.P. Moinet : Réactiver les vigilances républicaines

Émeutes : réponse ou réaction judiciaire ?

par Thierry Froment le 24 juillet 2023
Thierry Froment est ancien magistrat du parquet et juge d’instruction, ancien Co-directeur de l’Institut de Sciences Criminelles de Montpellier, membre de l’ARPC (Association de recherche en politique criminelle de Montpellier) et responsable de la sécurité ainsi que de la politique de la ville d’une grande station balnéaires du sud de la France. Aujourd’hui consultant spécialisé notamment en politique pénale, co-construction de diagnostics et de projets de contrats locaux de prévention de la délinquance et de sécurité, il évoque pour le Laboratoire de la République, la situation judiciaire des émeutes résultant de la mort de Nahel, 17 ans, à Nanterre.
Le Laboratoire de la République : A la suite du décès de Nahel le 27 juin 2023 à Nanterre et des troubles graves qui en ont résulté, le Garde des Sceaux a émis une circulaire prescrivant une « réponse pénale ferme », privilégiant notamment le défèremment. Ce souci de démonstration d’autorité est-il pertinent ou excessivement corrélé à l’actualité ? Thierry Froment : Les émeutes qui ont suivi le décès du jeune Nahel ont été en quelque sorte un amplificateur des difficultés, parfois des malentendus que connaît notre police républicaine. D’abord parce que la police est devenue trop souvent l’instrument d'une stratégie politique de certains pour toucher un pouvoir à qui on veut l'assimiler. On se plaît à la dire alors inféodée, raciste, violente et tout passer sous cette lunette déformante pour contester l’autorité du gouvernement. Mais aussi, cette affirmation récurrente des policiers devenue adage populaire : « on les attrape et ils sont remis en liberté avant que l’on soit rentré au commissariat », traduit, plus qu’une incompréhension des décisions judiciaires, une forme d’impuissance à traiter une délinquance jeune, complexe et redondante. La circulaire du Garde des Sceaux du 30 juin dernier a eu l’effet bénéfique de mobiliser les parquets sur l’objectif d’une réponse judiciaire immédiate en rappelant les moyens de procédure à disposition : comparution immédiate pour les majeurs, présentation immédiate pour les mineurs facilitée par la réforme récente du Code de Justice Pénale des mineurs, mise en jeu de la responsabilité civile voire pénale des parents et l’interopérabilité entre les parquets pour prêter main forte aux juridictions les plus saturées. Donner une capacité de réponse judiciaire rapide aux délits constatés, exige des services de police des procédures de flagrance de très bonne qualité, argumentées en termes de preuve des faits constatés et de respect des droits. C’est une réelle difficulté dans un contexte de comportements violents et de délinquance de foule. Sur ce point, l’expérience, tant sur le fait générateur de ces événements que sur la gestion même des émeutes, plaide pour une généralisation de l’usage des caméras piéton conformément aux dispositions de l’article L242-1 du Code de la Sécurité Intérieure. Enfin une réponse judiciaire rapide demande en contrepartie une capacité à diligenter en urgence des enquêtes sociales et des enquêtes de personnalité de qualité, ce qui a été rendu possible par les récentes réformes et notamment la loi du 26 février 2021 facilitant les mesures d’enquête éducative pour les mineurs. Réagir vite, oui, mais en gardant la pleine maîtrise de l’individualité de la peine, principe majeur de notre droit pénal. La circulaire du Garde des Sceaux a donc eu l’effet mobilisateur, rassurant et qualitatif recherché, sans être dans la réaction mais en privilégiant l’efficacité, la lisibilité et la cohérence de l’action publique. Le Laboratoire de la République : Quelle est, selon vous, la place de la réponse judiciaire face à un problème largement sociétal témoignant d’une défiance démocratique ? Thierry Froment : La réponse judiciaire est essentielle à la vitalité de notre démocratie. D’abord parce qu’elle est indépendante du pouvoir exécutif et qu’elle est rendue en notre nom à tous, au nom du peuple français. Parce qu’elle est le verbe et l’autorité de la Loi qui protège, sanctionne et apaise. Mais aussi parce qu’elle est l’autorité qui prend le temps d’écouter, de comprendre et de décider. Elle est aussi l’autorité capable de pardonner avec un arsenal de mesures qui vont de la dispense d’inscription au casier judiciaire, jusqu’à l’exemption de peine. Sur ce point, j’ai la conviction que notre justice doit s’adapter à l’évolution de la société et disposer de plus d’outils de « pardon judiciaire » en facilitant et raccourcissant les procédures de désinscription du casier judiciaire ou en prononçant des peines automatiquement effaçable au terme d’un délai sans récidive. Il faut parfois pouvoir casser cette fatalité de l’engrenage dans la délinquance par un casier judiciaire qui désigne et marque définitivement des jeunes au sceau de l’infamie, sans permettre réellement une nouvelle chance. En exigeant de la Justice une plus grande sévérité, ne doit-on pas aussi permettre d’équilibrer la réponse par une faculté de pardonner et ramener ainsi plus de citoyens au cœur de notre contrat social républicain. A côté de cela, il est urgent de créer un vrai réseau d'agents en capacité de réaliser en temps réel des enquêtes de personnalité également pour les majeurs, des agents assermentés avec l’autorité de représentants de l'État, qui soient des antennes dans des quartiers pour repérer, suivre et intervenir auprès des jeunes comme des majeurs. Des personnes de référence aussi pour faciliter les relations avec les administrations et les autorités et qui concilient les deux missions essentielles et parfois concurrentes : celle de la « prévention-intégration » incarnée par les éducateurs de rue, et celle de la « médiation-sécurité » représentée par les médiateurs sociaux. Des référents avec l’autorité suffisante pour ne pas avoir la complaisance des anciens « grands frères » ni la suspicion répressive prêtée dans les quartiers à la police de proximité. Cette Justice moderne avance avec un budget enfin à la hauteur des enjeux de société et des mesures qui commencent à porter leur fruits en matière de délais, d’accessibilité et de simplification des procédures. Le Laboratoire de la République : Dans ce contexte impliquant deux policiers, l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) a été saisie. Composé d’une grande majorité d’officiers ou de commissaires, cet organe devrait-il évoluer sur le même modèle que celui du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) étant constitué majoritairement de personnalités extérieures ? Thierry Froment : CSM et IGPN ou IGGN (Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale) ne peuvent être placés sous le même plan. Le Conseil Supérieur de la Magistrature est un organe constitutionnel, chargé de garantir l’indépendance de la Magistrature (Article 65 de la Constitution du 4 octobre 1958). C’est pour éviter toute pression sur les juges qu’il est à la fois instance disciplinaire et gestionnaire objectif de la carrière des magistrats. Il n’est pas un service d’enquêtes judiciaires. L’IGPN au contraire est un service d’enquêtes disciplinaires et judiciaires sous l’autorité du ministère de l’intérieur dans le premier cas, et de la Justice dans le second. Les enjeux et les missions ne sont donc pas les mêmes. Certains Pays européens ouvrent davantage ce service spécialisé à des personnalités qui ne sont pas des fonctionnaires de police, mais aucune statistique ne permet de dire que cela aurait une influence quelconque sur le nombre de procédures impliquant des policiers, révélées ou conduites à leur terme. Permettre un contrôle et un regard extérieur plus complet sur l’IGPN peut être débattu, ce n’est pas un sujet tabou, la défenseure des Droits ayant déjà un regard sur les difficultés dont elle peut être saisie par les justiciables dans ce domaine.

Le droit d’asile en question

par Michel Aubouin le 20 juin 2023
L'attaque au couteau à Annecy perpétrée par un réfugié a généré de nombreux débats sur le droit d'asile. Michel Aubouin, préfet honoraire, auteur de « Le Défi d’être français » aux éditions de La Cité, revient sur la question du droit d'asile. Alors que le projet de loi "asile et immigration" sera débattu prochainement au Parlement, quelle est l'organisation de la demande d'asile et quelles sont les défaillances ?
La tentative d’assassinat perpétrée par un réfugié sur des enfants dans un parc d’Annecy a engendré de multiples réactions sur le thème du droit d’asile. L’horrible fait-divers et les commentaires qu’il a générés avaient pourtant peu de relations. L’individu appréhendé bénéficiait en effet d’un statut de réfugié obtenu en Suède qui l’autorisait à se déplacer librement dans l’espace Schengen. Si une défaillance est à relever, elle concerne au premier chef les institutions françaises en charge de la protection des populations, dès lors que son installation dans un parc public, au vu et au su de tous, aurait dû enclencher une enquête de police qui aurait permis de vérifier qu’il avait dépassé le temps au-delà duquel il ne pouvait demeurer en France, et, en liaison avec la Suède, de mesurer son état de dangerosité, qui aurait sans doute mérité un placement d’office en soins psychiatriques (s’il est avéré que son épouse avait signalé son cas). Le prétexte du débat était infondé, mais le débat lui-même mérite d’être ouvert. Le droit d’asile, en effet, ne manque pas de susciter des interrogations légitimes. Son essence honore les pays démocratiques, mais son application en Europe est d’une rationalité très relative. En France, le droit d’asile a été formulé par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et, depuis cette date, notre pays a accueilli de nombreux opposants politiques, des militants menacés dans leur pays, des familles juives chassées de l’empire Austro-hongrois ou les rescapés arméniens des massacres perpétrés par la Turquie. A ce principe initial, qualifié de constitutionnel, s’est ajouté un autre principe, introduit par la Convention de Genève de 1951, approuvé par la France. Si l’on voulait prolonger cet élan de générosité, il est assez évident que nous devrions organiser, aujourd’hui, la protection des femmes menacées de mort en Iran pour refuser le port du voile ou celle des opposants russes au régime du président Poutine. Ce n’est pas ainsi que les choses se passe, car l’essentiel des demandes d’asile sont formulées par des personnes qui ont réussi à s’embarquer pour une traversée périlleuse de la Méditerranée, payée au prix fort à des groupes mafieux sans scrupule. L’organisation de la demande d’asile est elle-même assez étonnante. Elle devrait  en toute logique être formulée dans le pays d’origine, auprès de nos postes consulaires ou de bureaux créés à cet effet. A tout le moins, elle devrait être déposée lors de l’arrivée sur le sol français. Mais, en France, elle relève d’un guichet administratif dédié. La démarche est si compliquée qu’elle a généré une intense activité d’avocats spécialisés. L’OFPRA, qui peine à gérer ces flux, dispose d’une première grille de lecture qui distingue les pays sûrs des pays à risque. A priori, le ressortissant d’un pays sûr (la Suisse, par exemple) ne peut demander l’asile en France. L’établissement de cette liste constitue ainsi la colonne de notre droit d’asile. Chaque pays, en la matière, dispose de son appréciation, fondée sur les relations qu’il entretient avec les pays tiers. En bonne logique, l’établissement de la liste devrait relever de la compétence du Premier ministre, sur proposition du Quai d’Orsay. En fait, elle relève du conseil d’administration de l’Office où la majorité des sièges est occupée par des collègues du ministère de l’intérieur, aucun d’entre eux n’ayant de compétence quant aux sujets traités. L’asile est ainsi considéré comme l’une des branches de la politique publique de lutte contre l’immigration et la direction qui en est chargée relève du ministère de l’intérieur. Cette situation est d’autant plus paradoxale qu’en vingt ans, depuis que ce ministère s’en occupe, le pourcentage des demandeurs d’asile bénéficiant du statut de réfugié à été multiplié par deux, passant de 20 à 40%. Lorsque le demandeur a été débouté devant l’OFPRA, il a la possibilité de faire appel devant la Commission nationale du droit d’asile, présidée par un membre du Conseil d’Etat. Il est évident les membres de cette instance de recours n’ont guère plus de compétence pour comprendre la situation interne au Burkina-Faso ou au Vénézuela que les officiers de protection de l’Ofpra. En 2022, 137 000 étrangers ont formulé une demande d’asile. Les quatre premières nationalités ont concerné l’Afghanistan, le Bangladesh, la Turquie et la Géorgie. Les Afghans sont pour l’essentiel des jeunes migrants qui n’ont pas réussi à passer en Grande-Bretagne. Leur rôle exact dans la résistance aux talibans est sans doute difficile à apprécier. Les femmes sont absentes de ce groupe. Les motivations des ressortissants du Bangladesh sont sans doute de nature économique. Les ressortissants turcs sont essentiellement des Kurdes. Quant aux Géorgiens, ils arrivent par l’aéroport de Beauvais d’un pays qui tente de se rapprocher de l’Europe. Aucun de ces pays n’appartient à l’espace francophone. Lorsque la décision est négative, la question posée à l’administration est celle de la suite à donner. En bonne logique, l’étranger entré clandestinement en France et débouté du droit d’asile doit retourner dans son pays d’origine. Il est évident qu’il n’existe aucun moyen de coercition permettant de reconduire leurs ressortissants en Afghanistan ou au Bangladesh. Les 82 000 déboutés de l’année 2022 vont ainsi s’agréger, pour la plupart, au volume des étrangers vivant en France de manière irrégulière, attendant les cinq années mentionnées dans la circulaire signée par Manuel Valls pour obtenir, en 2027, la régularisation de leur situation. La politique de l’asile aura ainsi manqué sa cible et les procédures mises en oeuvre auront fait de cette politique essentielle un prolongement des politiques d’immigration. L’Europe, face à ce phénomène, n’intervient qu’à la marge. Elle assigne au premier pays d’installation l’obligation de recueillir la demande d’asile. En confondant l’asile et la gestion de l’immigration irrégulière, elle a confié ce rôle à l’Italie et à la Grèce. La situation est intenable, mais comment amener les demandeurs d’asile à se répartir entre des pays qui n’appliquent pas tous les mêmes règles et ne présentent pas les mêmes opportunités économiques ? Il convient de réfléchir à la manière de mieux faire coïncider notre politique étrangère avec notre politique de l’asile, pour rendre à la France son aura de nation militante des droits de l’homme.

Adoption de la loi sur les influenceurs : fin de l’impunité

par Stéphane Vojetta le 31 mai 2023
Alors que 150 000 influenceurs sont actifs en France, aucune loi n’encadre leurs pratiques commerciales. Deux députés, Arthur Delaporte (Socialistes et apparentés) et Stéphane Vojetta (Renaissance), ont déposé la proposition de loi n°790 visant à lutter contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, mercredi 31 mai, le Parlement se réunira pour adopter définitivement cette proposition transpartisane. Le député Stéphane Vojetta a accepté de répondre à nos questions.
Le Laboratoire de la République : Jusqu’à maintenant, la profession d’influenceur n’apparaissait pas dans le cadre de la loi. En quoi aujourd’hui est-ce une nécessité de la contrôler ? Stéphane Vojetta : La volonté du législateur (et du gouvernement, avec qui le travail a été fluide) se base sur la constatation de l’existence de dérives dans le cadre de l’exercice de cette activité d’influence à visée commerciale et promotionnelle, dérives qui ont fait de nombreuses victimes (victimes de pertes économiques ou de dommages corporels). De plus la constatation d’un sentiment d’impunité aussi bien de la part des influenceurs qui propagent les contenus problématiques, que de la part des victimes de ces dérives et du public en général nous a convaincu de la nécessité de prendre l’initiative de présenter une proposition de loi qui puisse Clarifier et compléter les règles et lois applicables à l’activité d’influence commerciale sur les réseaux sociaux, Encadrer l’exercice de cette activité en proposant des instruments qui structureront cette activité ainsi que les relations entre les influenceurs et leurs agents ou annonceurs. Responsabiliser l’ensemble des acteurs de cette activité Éduquer les plus jeunes afin de leur donner les outils qui leur permettront de se protéger face aux risques liés à l’influence commerciale Le Laboratoire de la République : En quoi cette proposition responsabilise enfin les influenceurs sur leur activité ? Stéphane Vojetta : Notre loi établit un régime de sanctions (amendes et peine d’emprisonnement) clair et cohérent. Mais au-delà de l’aspect judiciaire, nous estimons que les mesures les plus dissuasives sont celles qui seront appliquées par les plateformes (les réseaux sociaux) dans leur exercice de modération des contenus. En d’autres termes, un influenceur tenté de ne pas respecter les règles fixées par la loi sera sans doute davantage dissuadé de le faire par la menace de suspension de son compte ou de bannissement des réseaux plutôt que par la menace de poursuites judiciaires. Le Laboratoire de la République : Comment les consommateurs sont-ils davantage protégés grâce à cette proposition ? Stéphane Vojetta : Notre texte clarifie toutes les règles qui s’appliquent à la publicité sur les canaux traditionnels (TV, radio, presse) et qui doivent désormais s’appliquer à l’influence commerciale. L’influence commerciale ne pourra donc désormais plus être utilisée comme un moyen de contourner ces règles (par exemple, la loi Évin qui encadre très strictement la promotion de boissons alcoolisées). Notre texte renforce certaines interdictions quand nous estimons que la relation de confiance qui existe entre l’influenceur et son audience met celle-ci en position de vulnérabilité dans le cas de promotions dont les risques en termes de santé publique, de pertes économiques, ou d’addiction, sont particulièrement élevés. C’est ainsi que nous interdisons la promotion par influence commerciale d’actes de chirurgie esthétique, ou la diffusion de promotions de jeux d’argent ou de paris sportifs à des mineurs. Notre texte impose une transparence plus importante et plus sincère. Toute promotion devra faire figurer la mention « Publicité » ou « Collaboration commerciale », et ce d’une manière visible. Et toute promotion qui utilise une image transformée qui modifie la forme d’un visage ou la silhouette d’un corps (ou créée par l’intelligence artificielle) devra indiquer que cette image est effectivement transformée ou artificielle.

Lutte contre le complotisme : comment protéger les gardiens de l’esprit critique ?

par Rudy Reichstadt le 18 mai 2023
Le fondateur de Conspiracy Watch, créé en 2007, témoigne dans son dernier livre, "Au cœur du complot" (Grasset, 2023), de la spirale de calomnies et de menaces dont il a été victime en se confrontant au complotisme. L’occasion pour le Laboratoire de l’interroger sur l’évolution de ces mouvements et les moyens de leur répondre.
Le Laboratoire de la République : Quelles logiques se mettent en œuvre quand on ose, comme vous, s’élever publiquement contre les mouvements complotistes ? Quelles sont les conséquences personnelles de ces attaques ?  Rudy Reichstadt : C’est une logique du lynchage. On vous fait payer très chèrement le fait de simplement documenter et analyser sous un angle critique les théories du complot et ceux qui les mettent en circulation. On vous insulte continuellement, on vous menace, on excite contre vous une meute de fanatiques qui semblent persuadés que le monde se porterait mieux si vous n’existiez pas. On inclut votre nom sur des listes de personnes à abattre, on utilise votre photo dans des montages infamants, on invente des citations de vous ou on sort éhontément vos propos de leur contexte pour vous faire dire ce que vous ne dites pas et n’avez jamais dit. De manière générale, on vous prête un parcours, une biographie, des allégeances, des intentions et des opinions qui ne sont pas les vôtres. L’amalgame, la diffamation… tout est bon pour vous « démoniser » au sens le plus archaïque du terme. On fait littéralement de vous l’une des incarnations du « Mal », comme dans « les Deux Minutes de la Haine », le rituel cathartique décrit par Orwell dans 1984. Ces campagnes de harcèlement culminent dans la révélation d’informations privées concernant vos proches et dans l’intimidation physique : on se rend sur votre lieu de travail présumé pour manifester, on vient essayer de parasiter vos prises de parole en public. Tout se passe comme si les orchestrateurs de ces chasses aux sorcières numériques attendaient qu’un déséquilibré fasse à leur place le sale boulot, c’est-à-dire le passage à l’acte violent.  Le Laboratoire de la République : Des mesures de protection, notamment sur les réseaux sociaux, permettraient-elles selon vous de réduire la portée de ce type de harcèlement ?  Rudy Reichstadt : Je pense qu’il est de notre responsabilité collective de contraindre les plateformes de réseaux sociaux à prendre leur responsabilité, c’est-à-dire à faire respecter notre loi commune. Il n’y aura aucune amélioration significative de la situation tant que nous ne serons pas déterminés à réguler démocratiquement l’espace numérique. L’approche libertarienne d’un Elon Musk, qui a pris le contrôle de Twitter en octobre dernier, est une hypocrisie sans nom : d’abord parce que, sous couvert de liberté d’expression, Musk a introduit un régime proprement censitaire où les utilisateurs certifiés, qui s’acquittent d’un abonnement d’une dizaine d’euros par mois, bénéficient d’une prime de visibilité algorithmique et de la possibilité de publier des messages plus longs que les autres. Etrange conception de la liberté qui consiste à en donner plus à ceux qui paient, le tout pour financer une plateforme qui ne remplit pas ses missions de régulation des contenus délictueux. Le libertarianisme de Musk repose sur une conception de la liberté d’expression indexée sur celle du Premier amendement de la Constitution des Etats-Unis qui, jusqu’à nouvel ordre, n’est pas la nôtre. Il est navrant de voir qu’elle trouve des alliés objectifs chez les tenants de l’approche utopiste, libertaire, d’un Internet non régulé où les lois qui prévalent hors ligne ne s’appliqueraient pas. Il n’y a aucune raison pour que l’espace numérique soit une zone de non-droit. Le Laboratoire de la République : Une étude sur le complotisme conduite par l’IFOP pour le site AMB-USA.fr a été publiée récemment. Elle révèle notamment que de nombreux Français, 35 %, déclarent « croire aux théories du complot ». Est-on à l’abri d’une incidence de ces phénomènes dans la vie politique nationale, à l’image des succès du trumpisme ? Rudy Reichstadt : Les incidences de la banalisation de cet imaginaire complotiste, nous en avons déjà des illustrations quotidiennes, aussi bien dans la sphère politique, où l’heure est à l’hystérisation du débat public et à la conflictualisation tous azimuts, que dans les médias ou le monde académique. Parce qu’il s’agit d’un discours profondément manichéen, qui arase toute complexité et flatte notre paresse intellectuelle, le complotisme accompagne le populisme comme la nuée l’orage. Il jette le discrédit sur les élites en général et conteste la division du travail sans laquelle nos sociétés complexes modernes ne pourraient fonctionner. De plus en plus de gens s’improvisent tour à tour juges, détectives, historiens, climatologues ou virologues. Il y a là une forme d’anti-intellectualisme qui va de pair avec l’essor d’un analphabétisme politique et historique, notamment chez les jeunes générations, peut-être moins armées que celles qui les précédaient face à la séduction des pseudo-sciences et des croyances infondées.  Le Laboratoire de la République : L'intelligence artificielle se démocratise à un rythme effréné. Que représente-t-elle vis-à-vis des théories du complot : un moyen d'accélérer leur propagation ou à l'inverse un outil permettant de les démentir plus rapidement ?  Rudy Reichstadt : La technologie n’est a priori ni bonne ni mauvaise, elle est ce que nous en faisons. Il y a un usage vertueux des algorithmes en général comme il y a un usage vertueux de l’IA. Celle-ci pourrait évidemment nous servir à mieux lutter contre la désinformation. Mais, pour le moment, nous en voyons surtout les effets négatifs. On assiste à une mise en circulation massive d’images générées artificiellement de moins en moins discernables de véritables images. Le coût d’accès aux procédés techniques permettant de truquer des vidéos ou des images fixes s’est par ailleurs effondré : avec un peu de détermination et un investissement modique, on peut réaliser des faux de très grande qualité. Je crois que cette nouvelle configuration peut avoir deux types d’effets contradictoires. Pour le public qui est le plus familier de la presse et du monde de l’information, cela peut réhabiliter la question de la source et de sa fiabilité. Pour les autres, cela ajoutera de la confusion à un monde perçu déjà largement comme complexe et où la frontière entre fiction et réalité n’est plus aussi nette qu’auparavant. La tentation de se fier aveuglément à ce qui flatte nos propres penchants pourrait alors s’accentuer dangereusement, fragmentant un peu plus notre espace public de débat. 

Il faut enseigner l’histoire positive des minorités

par François Heilbronn le 15 mai 2023 François Heilbronn
Professeur à Sciences Po, vice-président du Mémorial de la Shoah, entrepreneur, François Heilbronn publie un roman, "Deux étés 44" (Stock). Il y tisse le parallèle entre deux moments de son histoire familiale, qui se trouvent être deux moments fondamentaux de l’histoire des Français de confession juive. Il éclaire le Laboratoire sur les enseignements que la République pourrait en tirer.
Dans « Deux étés 44 » éditions Stock, François Heilbronn fait le parallèle entre deux moments de l’histoire de sa famille et de l’histoire de France. Août 1744 : son ancêtre, le docteur Isaïe Cerf Oulman sauve le roi de France Louis XV de la mort, mais son geste reste confidentiel car les juifs étaient des parias à l’époque et l’église était toute puissante. Août 1944 : 15 membres de sa famille sont assassinés par les nazis, d’autres meurent au combat pour la Libération. Le Laboratoire de la République : pourquoi avez-vous souhaité faire, selon l’expression d’Antoine Compagnon sur votre ouvrage, « l’éloge du patriotisme juif » ? Ce patriotisme vous semblait-t-il remis en question et n’aller plus de soi dans l’opinion ? François Heilbronn : J’ai souhaité raconter, ce qui est hélas bien trop méconnu par les Français de toutes origines, l’histoire sur un temps long de ces Français juifs vivant en France depuis 2000 ans. Raconter cet ancrage profond, cet attachement charnel et spirituel à la France, dont un patriotisme farouche n’en est qu’une des expressions. Ma famille juive française, mais comme tant d’autres, remonte très loin dans notre histoire nationale. J’évoque dans mon roman cet aïeul, le docteur Oulman qui va guérir Louis XV in extremis en 1744. Mais aussi dans la famille de son épouse on peut remonter au premier grand rabbin de Metz, Elie-Joseph Lévy en 1595, au dernier grand rabbin de France, Matathias Trèves en 1394 avant l’expulsion du Royaume et même à Rachi de Troyes, le plus grand talmudiste de tous les temps et le premier prosateur d’expression française au XIème siècle. Et ce patriotisme s’exprimera sous les formes les plus diverses, en servant l’État, les arts, l’industrie, les lettres mais aussi par l’engagement résolu dans toutes les guerres de la France, depuis la révolution émancipatrice jusqu’à nos jours, le plus souvent dans des unités d’élites, comme officier. Dans ma famille proche, 4 officiers de réserve mourront au champ d’honneur au cours des deux grandes guerres. Mon roman raconte donc ces deux étés 44 à deux cents ans de distance, l’un de 1744, annonciateur des Lumières et du retour des Juifs dans la Nation, l’autre de 1944, une plongée dans les ténèbres et les combats pour la survie où 15 descendants du sauveur de Louis XV seront assassinés dans les centres de mise à mort allemand avec la complicité active de l’État français. Le Laboratoire de la République : 1744 – 1944 : votre livre raconte, en filigrane, l’histoire d’une trahison, celle de la communauté juive par la France. Comment peut-on rester patriote et républicain, comme vous l’êtes, malgré cette trahison ? François Heilbronn : Ce n’est pas la France qui a trahi les miens. Ce n’est pas la France qui a livré aux assassins allemands et autrichiens, 15 membres de ma famille, dont deux officiers multi-décorés de 14-18, mon arrière-grand-père, le lieutenant-colonel Henry Klotz âgé de 78 ans et paralysé par ses blessures de guerre et son frère le capitaine Georges Klotz âgé de 76 ans, tous deux officiers de la Légion d’honneur à titre militaire et Croix de guerre 14-18 aux multiples citations. Non ce n’est pas la France, mais l’État français de Pétain, Laval, Bousquet et de tant d’autres traitres à la France. C’est la haute administration française, c’est le Conseil d’État qui a violé toutes nos lois fondamentales dont la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, pour valider des lois et décrets de discrimination et de spoliation des Juifs. C’est l’administration préfectorale qui a organisé les fichages, les spoliations et les rafles. Ce sont les recteurs qui ont chassé tous leurs enseignants juifs. C’est tout l’appareil d’État, qui a de rares exceptions, a trahi l’esprit des Lumières et nos principes républicains pour livrer les miens comme 76.000 autres Juifs Français et étrangers aux chambres à gaz de Birkenau et de Sobibor. La France, c’est le couple de sabotier et de cuisinière, Jacques et Marguerite Copet, qui cachèrent ma grand-mère et mon père et furent reconnus Justes parmi les Nations par l’État d’Israël. La France, ce sont les plus de 4.000 Justes parmi les Nations, les 1.038 Compagnons de la Libération dont de très nombreux Juifs, ce sont des Évêques et des Pasteurs qui dirent non au crime. Donc je reste patriote et républicain, car il y a toujours deux France qui s’affrontent comme sous la Révolution, la seconde et troisième Républiques, l’Affaire Dreyfus, l’occupation et encore aujourd’hui, entre celle qui croit aux lumières et à l’universalisme et celle qui se tourne vers un passé mortifère attirée par le populisme, le complotisme, le révisionnisme, la violence et les ténèbres. Le Laboratoire de la République : quelle place doit occuper selon vous la politique mémorielle dans l’intégration de tous à la République ? François Heilbronn : Je n’aime pas trop le terme de politique mémorielle, je préfère celui d’enseignement de l’Histoire. Nous devons en tant que Français faire face à notre histoire, ses pages de grandeur, de générosité, mais aussi celle de l’ombre et du crime. Je crois profondément qu’un peuple qui ne sait pas regarder son histoire en face, avec une exigence absolue de vérité ne peut pas avancer, regarder les Russes ou les Algériens d’aujourd’hui claquemurés dans des mensonges d’État et des fables qui les tirent vers le passé. La France depuis Jacques Chirac et grâce à l’initiative d’historiens précurseurs comme Léon Poliakov, Georges Wellers, Robert Paxton, Serge Klarsfeld et tous les autres grands historiens de l’État Français et de la collaboration et du nazisme, a su avancer. Enseigner la Shoah mais aussi les grands génocides du XXème siècle permet de progresser, de réfléchir, de lutter contre les mécanismes de haine de l’autre qui sont toujours vivaces. Cela permet aussi de déconstruire les discours de haine du Juif et de l’autre trop présents sur les réseaux sociaux. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi enseigner l’histoire positive des minorités. Par exemple j’enseigne un cours séminaire à Sciences Po sur « Les Juifs en France, une présence oubliée » soit 2000 ans d’histoire politique, culturelle, sociale, économique des Juifs en France. Par cet enseignement, je sors de l’enseignement victimaire réducteur de la participation des Juifs à la Nation française. L’Histoire des Juifs en France, ce n’est pas seulement l’Affaire Dreyfus et la Shoah. C’est aussi une histoire positive de contribution et de grandeur. Ce sont dix prix Nobel, six chefs de gouvernement, de grands écrivains, scientifiques, artistes et héros de la Résistance. C’est aussi ce que j’évoque dans mon roman « Deux étés 44 », où comment mon aïeul, le docteur Isaïe Cerf Oulman va sauver in-extremis le roi Louis XV d’une mort annoncée et ainsi le Royaume de France d’une invasion.

Le Laboratoire
de la République

Pour rester informé
inscrivez-vous à la newsletter

S'inscrire