Étiquettes : Intelligence artificielle

Jeudi 2 mai : Lancement de l’ouvrage collectif « Europe : maîtriser notre avenir. Les voies du renouveau »

par L'équipe du Lab' le 16 avril 2024 Ouvrage-collectif-europe 2 mai
Le 2 mai, le Laboratoire de la République présentera un ouvrage collectif, fruit des travaux des différentes commissions, d’experts et de personnalités. Celui-ci se propose de nourrir les débats en amont du scrutin sur neuf thèmes qui apparaissent fondamentaux pour l’avenir de la France et du projet européen.
À l'approche des élections européennes du 9 juin 2024, il est essentiel de nourrir nos réflexions sur les enjeux qui façonneront l'avenir de la France et du projet européen. C'est avec plaisir que nous vous convions au lancement de notre ouvrage collectif, fruit du travail collaboratif de plusieurs personnalités et auteurs issus des différentes commissions du Laboratoire de la République : « Europe, maîtriser notre avenir. Les voies du renouveau » Cet ouvrage aborde neuf thèmes essentiels qui sont au cœur des débats actuels : 1️⃣ Défense européenne 2️⃣ Position de l'Europe sur la scène internationale 3️⃣ Lutte contre les risques de fragmentation des États de l'Union 4️⃣ Pour une Europe offensive face à l’intolérance 5️⃣ Question migratoire 6️⃣ Impact de l'intelligence artificielle sur l'économie 7️⃣ Notre destinée numérique face au développement de l'IA 8️⃣ Renforcement de l'Europe sociale 9️⃣ Changement climatique et ses enjeux globaux et européens Nous aurons le privilège d'accueillir plusieurs auteurs lors de cet événement, qui sera l'occasion de partager les idées et propositions de cet ouvrage pour un avenir européen maitrisé. Les auteurs ayant participé à la rédaction (par ordre des chapitres) : Jean-Michel Blanquer, Loïc Finaz, Jean-Francois Cervel, Christian Lequesne, Benjamin Morel, Manuel Valls, Théa Augoula, Fatiha Chikhr Saïdi, Renée Fregosi, Véronique Grandpierre, Nathalie Krikorian-Duronsoy, Michel Lalande, Tarik Yildiz, Didier Leschi, Philippe Aghion, Simon Bunel, Nicolas Marescaux, Marin de Nebehay, Thierry Taboy, Louis-Charles Viossat et Jean-Michel Valantin. Quand ? Jeudi 2 mai, à 15h30 Où ? Maison de l’Amérique latine 217, Boulevard Saint-Germain, 75007 Paris Participation libre, inscription obligatoire S'inscrire

La création face aux défis de l’intelligence artificielle : retrouver le sens du récit

par L'équipe du Lab' le 15 avril 2024
Dans cette conversation sur "La création face aux défis de l'intelligence artificielle (IA) : retrouver le sens du récit", Thierry Taboy, responsable de la commission technologique du Laboratoire de la République, anime une rencontre stimulante entre deux figures de l'innovation culturelle et narrative : Nils Aziosmanoff, fondateur du Cube et directeur général du Cube Garges, pôle d'innovation culturelle, et Thierry Murat, talentueux auteur de bandes dessinées (son dernier ouvrage : "initial_A"). Ensemble, ils explorent l’impact de l’IA sur le processus de création. Entre réflexions sur les nouvelles formes d'expression artistique et les défis éthiques, cette conversation offre des perspectives riches et inspirantes.
La création artistique fait face à des défis sans précédent avec l'émergence de l'intelligence artificielle (IA). Cette technologie révolutionnaire offre des possibilités infinies, mais soulève également des questions éthiques, esthétiques et même métaphysiques. D'un côté, l'IA élargit l'éventail des outils créatifs à disposition des artistes, leur permettant d'explorer de nouvelles formes d'expression, de générer des idées originales et de repousser les limites de leur imagination. Des domaines aussi variés que la musique, la littérature, les arts visuels et même la danse sont touchés par cette révolution. Les algorithmes peuvent aider à créer de la musique, à générer des poèmes, et même à chorégraphier des mouvements. Cependant, cette expansion de l'arsenal créatif soulève des préoccupations importantes. Tout d'abord, il y a la question de l'originalité et de l'authenticité. Si une œuvre est créée par une machine, est-elle toujours considérée comme une expression artistique authentique ? Ou bien est-elle simplement le produit d'une programmation algorithmique ? Ensuite, il y a les enjeux éthiques liés à l'utilisation de l'IA dans la création artistique. Que dire de l'impact sur les emplois artistiques traditionnels ? L'automatisation de la création pourrait-elle remplacer les artistes humains, ou plutôt les compléter ? Enfin, il y a la question de la relation entre l'artiste et son public. L'IA peut-elle véritablement capturer l'essence de l'expérience humaine et émouvoir les spectateurs de la même manière qu'une création humaine ? Ou bien y a-t-il quelque chose d'irremplaçable dans l'acte de création humaine, dans toute sa complexité et sa subjectivité ? Face à ces défis, il est crucial que les artistes, les chercheurs, les décideurs politiques et la société dans son ensemble engagent un dialogue ouvert et réfléchi sur le rôle de l'IA dans la création artistique. Il est temps de repenser nos conceptions de la créativité, de l'originalité et de l'authenticité à la lumière de cette révolution technologique, afin de garantir que l'art continue à enrichir nos vies de manière significative et profonde. Retrouver la conversation : https://youtu.be/NlXhF_346Z4?feature=shared Conversation sur "La création face aux défis de l'intelligence artificielle : retrouver le sens du récit"

Assas : Quels impacts du numérique sur la jeunesse ?

par L'antenne d'Assas le 3 avril 2024
Le mardi 2 avril, l'antenne d'Assas a accueilli une table ronde passionnante sur l'impact du numérique sur la jeunesse. Cette thématique, d'une grande actualité, a suscité un vif intérêt auprès du public et a réuni un panel d'intervenants de renom.
L'événement s'est centré autour du temps d’écran, de l’impact du numérique sur l’éducation et du futur rôle des intelligences artificielles dans notre société. La table ronde a été animée par des experts de divers horizons, offrant ainsi une perspective variée sur la question. Parmi les intervenants figuraient Marie-Victoire Chopin, docteur en psychologie et MBA, rattachée au DMU Neurosciences, APHP Sorbonne Université, ainsi qu'Orianne Ledroit, responsable de cours du master « digital humanities » de Sciences-Po Paris et déléguée générale de EdTech France. Vincent Paul-Petit, maire de Seine-Port, a également apporté son point de vue en tant que représentant local, mettant en lumière les défis spécifiques rencontrés au niveau communal en lien avec l'évolution numérique. Thierry Taboy, responsable de l’impact du numérique sur la société et de l’impact de la société sur les tendances du numérique au sein du Groupe Orange, a partagé son expertise sur les perspectives à court et moyen terme des enjeux entre société et numérique, tout en évoquant les travaux de la commission Défi technologique du Laboratoire de la République. Serge Tisseron, psychiatre et membre de l’Académie des technologies, a enrichi les discussions par ses connaissances approfondies sur les effets psychologiques et comportementaux des écrans chez les jeunes. Les échanges ont été riches et animés, couvrant un large éventail de sujets tels que la surcharge d'informations, les défis éducatifs, les nouvelles formes d'interaction sociale et les enjeux de santé mentale liés à l'utilisation intensive des technologies numériques. En conclusion, cette table ronde a offert une plateforme stimulante pour explorer les complexités de l'impact du numérique sur la jeunesse. Les perspectives partagées par les intervenants ont permis de mieux comprendre les défis et les opportunités associés à cette révolution numérique, tout en mettant en lumière la nécessité d'une approche réfléchie et équilibrée pour accompagner les jeunes dans ce monde en constante évolution.

Mardi 2 avril : L’impact du numérique sur la jeunesse

par L'antenne d'Assas le 25 mars 2024 visuel_assas
Mardi 2 avril, l'antenne d'Assas vous invite à sa prochaine table ronde liée à l'impact du numérique sur la jeunesse avec de nombreux experts : Marie-Victoire Chopin, Orianne Ledroit, Vincent Paul-Petit, Thierry Taboy et Serge Tisseron.
Le numérique impacte la jeunesse. Il transforme profondément nos modes de vie et de pensée. Les nouvelles technologies influencent considérablement nos capacités cognitives, en modifiant nos schémas de concentration, de mémorisation et de réflexion. Elles altèrent également notre rapport au temps, en accélérant nos interactions et en créant une culture de l'immédiateté. En ce qui concerne l'apprentissage, le numérique offre des outils variés mais peut aussi susciter des défis liés à la surcharge d'informations et à la capacité de discernement. Enfin, sur le plan social, les technologies numériques redéfinissent les relations interpersonnelles, transformant les modes de communication et d'interaction, tantôt enrichissant la vie en société, tantôt la complexifiant. Marie-Victoire Chopin : docteure en psychopathologie, MBA et consultante pour le cabinet Technologia Orianne Ledroit : déléguée générale d’EdTech France, ancienne conseillère du ministre en charge des impacts sociaux, territoriaux et environnementaux du numérique Vincent Paul-Petit : maire de Seine-Port, commune située en Seine-et-Marne Thierry Taboy : responsable RSE du Groupe Orange en charge de la prospective opérationnelle à court/moyen terme et perspectives sur les enjeux entre société et numérique, responsable de la commission Défi technologique du Laboratoire de la République Serge Tisseron : psychiatre, docteur en psychologie habilité à diriger des recherches, et membre de l'Académie des technologies. Auteur de nombreux ouvrages, il a été co-rédacteur de l’avis de l’Académie des sciences L’enfant et les écrans (2013). Il a reçu la même année à Washington un Award du FOSI (Family Online Safety Institute) pour l’ensemble de ses travaux sur les jeunes et les écrans Quand ? Mardi 2 avril, 20h Où ? Université Panthéon-Assas / Centre Assas 92, rue d'Assas, 75006 Paris Participation libre, inscription obligatoire S'inscrire à l'évènement

Israël, Ukraine : la désinformation, nouvelle arme de la terreur

par Chine Labbé le 27 octobre 2023
La publication de fake news sur les réseaux sociaux après l'attaque terroriste en Israël du samedi 7 octobre 2023 remet en lumière l'enjeu démocratique crucial de la vérification des informations. Chine Labbé, rédactrice en chef, Europe, chez NewsGuard, une société américaine qui évalue la fiabilité des sites d'information et d'actualité, analyse le nouvel environnement de l'information et explore des pistes de solutions.
Le Laboratoire de la République : Depuis l'acquisition en 2022 de Twitter (devenu X) par Elon Musk, de nombreux commentateurs estiment qu'une détérioration de la qualité de l'information est sensible sur le réseau. Est-ce le cas ? Pourquoi ? Chine Labbé : Vous posez la question d'une détérioration de la qualité de l'information sensible sur le réseau. Ce que je dirais, c'est qu'il y a eu des changements de règles de la plateforme qui ont contribué à une perte de lisibilité de l'information. Qu'est-ce que j'entends par là ? Et quel changement de politique en particulier ? Le premier, le plus important, c'est le changement de politique lié à la coche bleue sur X, autrefois Twitter. Cette petite coche bleue qui autrefois était adossée aux comptes qui étaient soit des comptes notoires, des comptes d'intérêts publics, des comptes authentiques reconnus par la plateforme comme tel. Aujourd'hui, cette coche bleue est disponible sur abonnement. Il suffit de payer pour l'avoir. Elle offre aux clients qui s'en saisissent, une visibilité plus grande sur la plateforme. Les contenus sont promus et ont une apparence de légitimité pour les internautes qui ne comprendraient pas finalement à quoi correspond cette politique et à quoi correspond cette coche bleue. De nombreux colporteurs d'Infox connus se sont saisis de cette coche bleue. Aujourd'hui, ils diffusent et s'en servent pour diffuser de manière beaucoup plus efficace, et avec ce semblant de légitimité, leurs fausses informations sur la plateforme. On l'a observé pour des sujets comme les vaccins, la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Et malheureusement, cela se confirme avec le conflit entre Hamas et Israël. Deuxième changement de politique qui est important de mentionner et qui a contribué à cette perte de lisibilité, c'est le retrait des labels sur les comptes qui appartiennent à des médias d'État qui diffusent de la désinformation. Autrefois, vous aviez un petit label qui disait « média » appartenant à un État. Et puis, ces labels ont disparu. Dans les semaines qui ont suivi le retrait de ces labels, on a observé un pic de l'engagement avec ces comptes. C'est-à-dire que les partages, les likes, ces contenus ont été beaucoup plus viraux. On a fait un rapport chez NewsGuard sur ce sujet précisément et dans le détail, on a observé une augmentation de l'engagement avec des comptes appartenant à des médias d'État russes, chinois et iraniens en anglais. On a vu l'engagement avec ces comptes bondir de 70% dans les semaines qui ont suivi ce changement de politique. Le dernier point que j'aimerais souligner, c'est que Twitter a, semble- t- il, diminué de manière drastique ses équipes de modération des contenus et liées au suivi de ce qui se passe en termes de désinformation sur la plateforme. Twitter s'est retiré du code de bonnes pratiques contre la désinformation de l'Union européenne, auquel nous, nous sommes signataires chez NewsGuard. Donc, autant de signaux qui sont évidemment inquiétants. Le Laboratoire de la République : A la suite de l'attaque terroriste du Hamas sur Israël, des fausses informations ont été fortement relayées sur le réseau et sur internet. Quel regard portez-vous sur la qualité de l'information partagée lors de ce drame ? Chine Labbé : Ce dont on s'est aperçu très rapidement, le samedi 7 octobre, jour de l'attaque du Hamas contre Israël, c'est que les réseaux sociaux et les sites Internet ont été inondés de fausses informations. Trois jours seulement après l'attaque du Hamas, nous avions recensé 14 fausses informations qui avaient rassemblé 22 millions de vues sur X, sur TikTok et sur Instagram. Aujourd'hui, une semaine plus tard, on a déjà recensé et décrypté une vingtaine de fausses informations. Ça va très vite. Ce qu'on observe, ce sont à la fois des techniques bien connues qu'on a observées déjà lors de la guerre en Ukraine, des images, des vidéos qui vont être sorties de leur contexte ou qui vont être présentées comme appartenant à ce conflit alors qu'en fait elles sont issues d'autres conflits, d'autres terrains de guerre. On va observer aussi des images de jeux vidéo qui vont être présentées comme réelles et comme ayant été prises lors de ce conflit. On a des documents falsifiés, tout simplement photoshoppés, des mémos de la Maison Blanche, par exemple. Donc des techniques assez simples, assez artisanales, mais qui font déjà beaucoup de dégâts.Et ce qui est assez incroyable aussi, c'est de constater que certaines images vont être utilisées pour nourrir à tort des récits faux, parfois de manière contradictoire, pour nourrir des récits qui disent l'inverse. Je vous donne un exemple. On a cette image qui a circulé d'un enfant au sol dans une flaque de sang, qui a été présentée par certains comme la preuve qu'Israël mettait en scène la mort d'enfants israéliens, et de l'autre qui avait pu être présenté comme la preuve que le Hamas mettait en scène la mort d'enfants palestiniens. Les deux sont faux. Les deux récits sont faux. Cette image, en fait, elle est extraite d'un court- métrage qui a été tourné bien avant la guerre entre Israël et le Hamas. Et donc, ce sont des images juste des coulisses d'un film. Mais donc, ça montre bien à quel point l'instrumentalisation d'images qui n'ont rien à voir avec le conflit peut aller très vite. Ça prend du temps pour nous, journalistes, de vérifier l'information, d'arriver à voir ce qui est faux ou ce qui est juste pour l'instant non prouvé ou sorti de son contexte ou trompeur, etc. Ça prend du temps à l'expliquer et la difficulté, évidemment, c'est cette course contre la montre pour essayer de prouver qu'une chose est fausse ou véritable, alors même qu'elle est déjà virale sur les réseaux sociaux.Quelques petits éléments qu'on peut mentionner, c'est malheureusement la forte présence des enfants dans les fausses informations qui circulent, des enfants, des bébés. Pourquoi ? Parce qu'on sait que c'est très sensible. Ça nous touche tous au plus profond. Les contenus les plus viraux relayant de fausses informations sont malheureusement souvent des images d'enfants. Pour contrer ces fausses informations, nous sommes allés vérifier les informations au fur et à mesure, au plus vite. Nous avons renseigné les internautes sur les sources qu'ils lisent, que ce soit des sites Internet, des comptes sur les réseaux sociaux. Pourquoi c'est important ? Parce que les colporteurs de fausses informations sont souvent des multirécidivistes. Ceux qui diffusaient de fausses informations sur l'Ukraine, qui diffusaient auparavant de fausses informations sur le Bataclan, qui diffusaient auparavant de fausses informations sur la guerre en Syrie, s'engouffrent dans la brèche et diffusent aujourd'hui de fausses informations sur ce qui se passe au Proche-Orient. C'est important de les identifier pour pouvoir surveiller leurs récits et aller les décrypter au fur et à mesure. On voit depuis le début du conflit des techniques assez artisanales, finalement, des images qui sont bien réelles, mais juste sorties de leur contexte ou présentées à tort, ou on va avoir des vidéos qui vont être switchées et titrées dans une autre langue avec une fausse traduction, mais la vidéo, elle est bien correcte. Ces choses- là, bien artisanales, font déjà beaucoup de mal. Donc, ce que l'on craint, évidemment, c'est ce qui va se passer quand, si, des images créées de toute pièce par intelligence artificielle commencent à inonder nos réseaux, puisque là, ça sera d'autant plus difficile de répondre. Le Laboratoire de la République : Le commissaire européen Thierry Breton a menacé le réseau social X de sanctions. L'Union Européenne a-t-elle aujourd'hui les moyens de ses ambitions en matière de régulation des contenus sur les réseaux ? Chine Labbé : Moi, je suis journaliste, donc ce n'est pas trop ma place d'aller commenter les textes de loi et l'effet positif ou négatif qu'ils peuvent avoir. Ce que je peux dire en tout cas, c'est qu'effectivement, depuis plusieurs années, l'Union européenne se dotte de nouveaux outils pour combattre cette nouvelle menace. Mais tout ne doit pas venir de la régulation. Il y a toujours la question de la transparence des plateformes, notamment en ce qui concerne les algorithmes de recommandations. Quels contenus deviendront viraux et pourquoi ? Il est nécessaire que des entreprises comme la mienne puissent donner des suppléments d'information aux internautes. Les internautes doivent avoir des informations sur les sources qui leur donnent des informations. Ils doivent également apprendre à lire ces informations, avoir une lecture latérale. Quand une information apparait suspecte, il faut faire l'effort d'aller regarder ailleurs. La multiplication des contenus rend la tâche très difficile de tout vérifier. Les internautes doivent apprendre la résilience à la désinformation. Cela passe par l'éducation aux médias. Toutes les classes d'âge sont concernées. Beaucoup de désinformations sont relayées par les personnes âgées. https://youtu.be/59Vh7KfLYIs

Intelligence artificielle : la culture numérique est cruciale pour relever les défis de l’IA

par Thierry Taboy le 28 août 2023
L’apparition, depuis un an et demi environ, de modules d’intelligence artificielle générative destinés au grand public, a eu un retentissement important dans la sphère publique, entre projections utopiques et dystopiques. Alors que la révolution est encore devant nous, Thierry Taboy, directeur Droits Humains au sein du groupe Orange et coordinateur de la task force Santé du collectif Impact AI, souligne l’importance de l’acculturation au numérique pour favoriser le développement d’une IA européenne et circonscrire les risques démocratiques liés à son usage.
Le Laboratoire de la République : Dix mois après l’apparition de ChatGPT, en sait-on davantage sur les usages qui sont faits de cet outil ? La révolution annoncée n’est-elle pas encore devant nous ? Thierry Taboy : Les applications supportées par un moteur d’intelligence artificielle sont loin d’être nouvelles mais peu de gens jusqu’à présent se rendaient compte qu’ils s’en servaient dans leur quotidien. A la manière d’un monsieur Jourdain de la technologie, ils entraînaient des IAs sans le savoir. En offrant une interface très accessible, ChatGPT d’OpenAI a créé une rupture radicale, permettant au plus grand nombre de se confronter en conscience aux potentialités offertes par l’outil. Et c’est devenu une folie, entre déferlante d’usages, engouement médiatique et discours plus ou moins délirants (« les IAs génératives vont faire disparaître les cadres »… ). ChatGPT est une intelligence artificielle qui répond à toutes vos questions même parfois quand elle ne sait pas, écrit des articles, des chansons, des recettes de cuisine ou des lignes de code à la demande et bien plus encore. Si elle repose sur des banques de données immenses et propose un mode de langage naturel, elle n’en reste pas moins imparfaite. Pour résumer, elle « ne comprend pas » ce qu’elle écrit, elle ne fait que prédire les mots qui sont les plus cohérents pour continuer sa phrase. Mais elle le fait plutôt bien, ce qui donne l’impression qu’elle est vraiment intelligente, ou consciente. Cela dit, il est indéniable que la qualité des réponses proposées par les IAs génératives ne cesse de progresser, avec comme facteurs déterminants une performance algorithmique croissante, de nouvelles fonctionnalités, l’intégration de banques de données de plus en plus larges et l’explosion du nombre d’utilisateurs qui « l’entraînent » toujours plus. Assistance à la rédaction, support client, campagnes de communication, conditions juridiques, éducation, création de contenus multimédia, traduction, programmation… les champs recouverts par les Midjourney, ChatGPT, Lamma-2 (open source) et consorts sont toujours plus nombreux, aussi bien du côté professionnel que grand public. Selon l’IFOP, 18% des salariés en Entreprise l’utiliseraient d’ailleurs déjà, le plus souvent sans le dire. Si l’on veut résumer, ChatGPT est un excellent outil pour générer un premier jet, de gagner du temps, quand nous sommes confrontés à toute forme de rédaction. Cette nouvelle donne oblige à repenser la manière dont nous abordons l’éducation et la formation. Il faut apprivoiser la bête, l’encadrer. On le sait, usage n’est pas maîtrise et ces technologies demandent de revoir les modes d’apprentissage. Profiter du meilleur de ces technologies et en faire un allié de la créativité humaine demande une bonne connaissance de leurs forces et limites, la capacité à générer des contextes propices à une réponse adaptée. Comme le note très bien le Conseil National du Numérique (Livre "civilisation numérique"), "(toute nouvelle technologie doit être) accompagnée de la formation d'un nouvel esprit critique et d'une culture technique permettant à chacun de préserver sa capacité de discernement". Le Laboratoire de la République : Ces technologies ont suscité un mélange de peur et d’enthousiasme sans précédent. Quels espoirs et quelles inquiétudes peut-on raisonnablement avoir vis-à-vis de ces modules ? Thierry Taboy : Il est d’abord urgent de sortir des discours manichéens qui fleurissent un peu partout et savoir raison garder. Les IAs génératives entraînent de nouveaux risques mais peuvent également être considérées comme une véritable opportunité pour celles et ceux qui gagneront en "capacitation" comme aimait à le rappeler Bernard Stiegler. Une récente étude du MIT tend d’ailleurs à montrer que l'usage de ChatGPT serait certes facteur de productivité mais surtout de réduction des inégalités une fois les personnes formées. (Experimental evidence on the productivity effects of generative artificial intelligence | Science). S’il est vrai que certains métiers sont vraiment plus à risque que d’autres, nous allons surtout devoir faire face à une transformation radicale de leurs contours. Ce qui sous-tend que plutôt qu’un remplacement de ceux-ci, ce sont les profils qui maitriseront le mieux ces nouveaux outils qui seront en situation de force en termes d’attractivité employeur. Si nous devons nous concentrer concrètement sur les risques structurels induits par ces IAs, c’est du côté des biais, de l’éthique, de la lutte contre les stratégies de désinformation (deepfake) comme du respect de la vie privée qu’il faut se pencher. C’est tout le sens du débat qui s’est tenu le 18 juillet dernier au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU et dont le thème était « conséquences pour la paix de l’intelligence artificielle, entre « risques existentiels » et immenses promesse ». Avec les droits humains en première ligne. Pour résumer, plutôt que de lutter contre une vague inexorable, il va falloir apprendre à surfer. Le Laboratoire de la République : La levée de fonds record conclue par Mistral AI en juin a démontré que des technologies européennes ou françaises étaient en cours de développement. Est-ce suffisant ? Comment assurer la souveraineté européenne en la matière ? Thierry Taboy : Face aux montants astronomiques des investissements déployés aux Etats-Unis ou en Chine, l’Europe, malgré un retard évident, a encore une véritable carte à jouer si elle s’en donne les moyens et offre un cadre propice, une juste balance entre innovation et réglementation. De par son histoire, sa culture, la « vieille » Europe porte en elle des valeurs propices au déploiement d’IAs responsables « by design », respectueuses des droits humains, une condition essentielle à sa souveraineté. Avec des industries d’excellence à portée mondiale dans les domaines IT et une propension à s’appuyer sur leurs écosystèmes et ainsi déployer des stratégies d’innovation ouverte, l’Europe possède de réels atouts pour se démarquer. Et cela peut faire toute la différence en matière d’accessibilité, de confiance utilisateur et de différenciation marché. Le règlement européen sur les services numériques (DSA) comme le futur « AI Act » sont et seront à ce titre déterminants. Les dernières versions de l’AI Act peuvent à ce titre légitimement inquiéter par leur portée trop restrictive et des améliorations sensibles sont attendues pour réellement promouvoir l’équilibre innovation-réglementation. N’en reste pas moins vrai que la souveraineté est au cœur de l’agenda européen. Le Laboratoire de la République : De nombreuses universités ont décidé d’interdire l’usage de ChatGPT. Est-ce une stratégie tenable et intéressante ? Thierry Taboy : Selon moi, cela n’a aucun sens sauf si de telles décisions sont dictées par la nécessité de marquer une courte pause et d’en profiter pour permettre au corps enseignant de se former, de se repenser pour intégrer cette nouvelle donne dans les parcours d’apprentissage. Prenons l’exemple des écoles qui forment les futurs développeurs et développeuses. Intégrer dans leurs parcours d’apprentissage l’appropriation des IAs génératives permettra de s’appuyer sur celles-ci afin de rapidement créer les briques de bases (frameworks) et se concentrer sur des tâches plus complexes et ainsi libérer leur créativité. Cet exemple vaut également pour les étudiants ou les communicants qui auront la capacité à générer les premières ébauches de réponse, se faire surprendre par des points de vue inédits. Pour autant, il leur faudra connaître comment affiner leurs requêtes (prompts), se confronter à d’autres sources et, sur cette base, proposer leur propre vision. Comme l'écrit Jérémy Lamri, "pour résoudre efficacement les inégalités liées à la capacité de prompter les IA génératives, il est crucial d’adopter des approches interdisciplinaires. Cela signifie associer les compétences et perspectives de la sociologie, la philosophie et les sciences techniques pour mieux comprendre les attentes et les besoins spécifiques des utilisateurs." L’intégration de ces technologies demande donc aux enseignants comme aux professionnels de se réinventer pour faire en sorte que ces technologies soient au service de l’ingéniosité humaine. Le travail à mener est conséquent.  Au final, les universités et autres structures de formation qui feront la différence dans le futur seront celles qui auront privilégié l’intelligence collective tout en puisant dans ce qu’apporte ces technologies nouvelles. Refuser le train ne sauvera pas la calèche.

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